Oran Un homme est mort? Personne ne sait pourquoi. Fin mai 2004, le jour du procès, l?assassin présumé n?a rien à dire. C?est toujours complexe, ce genre de situation? Imaginez une salle d?audience, un meurtre à élucider et un assassin qui nie tout et ne parle pas beaucoup? On reconnaît dans ces moments-là la dure tâche des membres de la cour qui ne savent plus à quel saint se vouer. «Vous avez tué cet homme. Votre complice vous a dénoncé. ? Non, je n?ai commis aucun crime.» De nouveau un silence interminable. Les membres de la cour s?impatientent. «Vous n?avez pas hésité à délester la victime de tous ses biens. Vous l?avez tuée pour accaparer ce qu?il avait sur lui. Un homme était là et il est tout autant responsable que vous car il n?a pas dénoncé le crime et n?a pas apporté son aide à la victime. Il s?agit de votre ami B. A., présent d?ailleurs aujourd?hui. Vous voyez bien qu?il est inutile de vous entêter à nier tout, car vous nous faites perdre du temps. ? Je vous le répète, je n?ai pas tué cet homme.» Le juge se tourne alors vers le jeune B. A. ? «Votre ami a-t-il, oui ou non, commis un meurtre sur la personne de A. L. ? ? Oui, M. le président? ? Pourquoi ne l?avez-vous pas dénoncé plus tôt ?» De nouveau, le silence envahit la salle. Les faits de cette affaire remontent au 25 octobre 2002, au lieu dit Sidi Chahmi? Les services de la gendarmerie se rendent sur les lieux du crime, pour découvrir, sur la voie publique, un corps de sexe masculin. La victime, en fait, respire toujours et il y a peut-être une chance de la sauver. Evacuée d?urgence au CHU d?Oran, la victime, soumise à des soins intensifs et malgré toute la compétence des médecins, rend l?âme deux semaines après le terrible drame. Le coup porté à la nuque a eu raison d?elle, après un long coma. Une minutieuse enquête mène tout droit aux deux mis en cause, en l?occurrence B. B. et B. A. Selon le rapport de l?enquête, les deux suspects en fuite se trouvaient bel et bien en compagnie du défunt. Des témoins oculaires les auraient aperçus ensemble le jour du drame. Mais voilà que B. A. fait irruption dans les bureaux des services concernés et dénonce tout de go son ami B. B., l?accusant de meurtre sur la personne du jeune A. L. Ce ne sont que six mois plus tard que l?on procède à l?arrestation du nommé B. B., accusé d?homicide volontaire avec préméditation et vol qualifié sur une personne un peu trop confiante. Le jour du procès, lundi 31 mai, les avocats de la défense demandent l?acquittement. «Nos clients sont innocents. Aucune preuve ne justifie les faits retenus contre eux. Aussi, nous demandons la relaxe pure et simple.» Ce n?est pas l?avis du représentant du ministère public, qui dresse un dur réquisitoire : «B. B., malgré toutes les preuves retenues contre lui, nous a donné du fil à retordre... Je requiers une peine de 20 ans de réclusion criminelle à son encontre et 5 ans de prison à l?encontre de son ami et complice.» A la fin des délibérations, B. B. est condamné à perpétuité, alors que B. A. écope, pour sa part, de 5 ans de prison ferme.