Trophée - La troupe de la coopérative Achamâa li athakafa de Constantine a remporté, hier, le premier prix de la compétition du 46e Festival national du théâtre amateur de Mostaganem (FNTA). La troupe constantinoise a été primée pour la pièce Min khalf al abouab (Derrière les portes), une tragédie familiale sur le thème de l'oppression, adaptée par Neghouache Chahinez à partir d'un texte de l'auteur cubain exilé en France, José Triana qui avait fait sensation lors de la deuxième soirée de compétition. Cette distinction, d'une valeur de 500 000 DA, a été remise au metteur en scène lors d'une cérémonie de clôture marquée également par la prestation de comédiens de Mostaganem qui ont interprété des morceaux choisis d'œuvres du dramaturge algérien Ould Abderrahmane Kaki sur un montage de Mohamed Takiret. Le prix du jury a, quant à lui, été décerné à la troupe El-Moudja pour Afrique 50/35 mise en scène par Boudjemaâ El-Djilali à partir de Afrique avant un (1963) de Kaki et du texte Les lendemains qui chantent (1983) du dramaturge congolais Maxime N'Débéka. Présidé par Lotfi Bensbaâ, le jury du 46e FNTA a également attribué à Tichoudad Rafik de Aïn Defla le prix de la meilleure mise en scène pour la pièce Si el moukhridj, celui du meilleur texte à Haouch Abderrahmane (Tizi Ouzou) et celui de la meilleure scénographie à la troupe Arrissala lil masrah (M'sila). Les prix de la meilleure interprétation féminine et masculine sont revenus à Imane Ouslimane (Boumerdès) et Tassilt Mohammed-Tahar (Aïn Defla) respectivement pour leurs rôles dans Tassalit Bounzar et Si el moukhridj. Le 46e Festival national du théâtre amateur de Mostaganem aura vu se distinguer, au bout d'une semaine de compétition, de jeunes metteurs en scène et comédiens malgré les mauvaises conditions techniques des représentations, s'accordent à dire les observateurs et habitués du festival. Le FNTA aura proposé douze représentations de niveau inégal dans des registres divers (comédie, tragédie, drame, théâtre traditionnel, etc) avec des questionnements sur des thèmes comme l'oppression, la solidarité ou encore des interrogations d'ordre moral et philosophique. Ces sujets ont été abordés par des textes en arabe classique ou dialectal, et en langue amazighe, de qualité jugée «moyenne» par les spécialistes, à des rares exceptions comme celui, proverbial et subtil, de Djilali Laoufi de la troupe Mustapha Kateb (Mostaganem) ou encore le texte de Abd El-Fetah Rouas de Arrissala lil masrah (M'sila). Les pièces en compétition se sont, en outre, distinguées par «une recherche esthétique qui a primé sur le contenu», estime, pour sa part, l'universitaire Khiat Ahmed à propos des différentes mises en scène proposées. Cette orientation artistique s'est confirmée chez de jeunes dramaturges. D'autres metteurs en scène plus expérimentés ont proposé des expériences tirées du patrimoine culturel maghrébin dans Afrique 50/35, une adaptation d'une œuvre du grand dramaturge algérien Ould Abderrahmane Kaki, inspirée du théâtre traditionnel El-halka. A noter que le festival a réuni du 24 au 31 août douze troupes de huit régions d'Algérie. - Habituellement organisé à la Maison de la culture de Mostaganem, le FNTA a été déplacé cette année sous un chapiteau dressé dans la maison de jeunes du quartier de la Salamandre, en raison des travaux de rénovation du théâtre de la Maison de la culture, toujours en cours depuis la fin de la 45e édition en septembre 2012. Ce choix de représentations en plein air, sur une scène éloignée des spectateurs, a contraint les comédiens à utiliser des microphones portatifs qui se sont avérés gênants pour ces derniers. L'utilisation des microphones a également «dénaturé» le jeu des comédiens dont la portée vocale et l'intonation constituent des critères de qualité, estiment des observateurs avisés comme l'écrivain Habib Tangour ou encore le dramaturge et comédien Ahmed Haroun. Autre problème posé par les comédiens et les directeurs des troupes, l'éloignement des différents centres d'hébergement des festivaliers qui n'a «pas permis d'établir assez d'échanges entre les différents acteurs de la manifestation», pourtant principal objectif d'un festival culturel. Même si les organisateurs avaient prévu des débats tous les matins, au lendemain des représentations, ces derniers n'ont pas drainé assez de participants, estiment les festivaliers.