Connivence n «Les imams qui font fi de l'application de la loi, ouvrent les portes à toutes les dérives ». C'est ce que nous dit l'avocate B. Amal qui accuse directement certains imams. «Certes le mariage par la «fatiha» est une condition indiscutable pour que l'union soit légale comme le dictent les préceptes religieux, consolidée par l'attestation de deux témoins, néanmoins beaucoup d'hommes recourent à cette pratique parce qu'ils y voient un moyen efficace pour détourner les lois et priver, ainsi, l'épouse de ses droits en cas de divorce», nous dit celle qui a pris la défense de dizaines de victimes dans des affaires de ce genre. Elle ajoute que «c'est un moyen pour ne pas être contraint de verser une pension alimentaire, ni encore moins de reconnaître ses enfants comme étant légitimes en cas de litige». «Par ailleurs, précise notre interlocutrice, beaucoup d'hommes passent par le mariage par la «fatiha» parce qu'ils savent que la loi ne permet pas la polygamie, sans un accord préalable de la première épouse, ou le mariage avec une mineure. De ce genre de mariages, peuvent naître d'autres problèmes surtout après la naissance des enfants, ce qui pousse, généralement, l'épouse à recourir à l'administration judiciaire pour permettre à l'enfant de porter le nom de son père. Mais cette action n'est pas toujours facile et nécessite beaucoup de temps surtout si l'épouse ne trouve pas de témoins fiables et si le mari refuse de se présenter au tribunal». Un autre avocat, Nacer Eddine K., insiste pour une application stricte de la loi à ce sujet. «En général, c'est les enfants qui vont vivre des situations psychologiques désastreuses. Les imams qui acceptent de prononcer le mariage par la «fatiha» sans en avoir vérifié, au préalable, la transcription sur les registres de l'état civil, commettent une grave infraction à la loi et sont, de ce fait, passibles de sanctions devant les tribunaux. Il y a aussi les parents qui, pour des raisons souvent matérielles, acceptent que leurs filles se marient par la «fatiha» sans que l'acte de mariage ne soit officialisé devant un maire ou un juge. Ces parents sont aussi coupables au regard de la loi en vigueur en la matière». C'est, aussi, l'avis d'un imam au niveau d'une mosquée de Aïn Naâdja, qui déclare que «le mariage par la ‘fatiha' est correct vis-à-vis de la religion musulmane et présente toutes les conditions légales, néanmoins le manque de fidélité et certains comportements des hommes, dans notre société, qui refusent, souvent par ruse et calcul, de consigner le mariage sur les registres de l'APC, ont fait de la femme et des enfants des victimes. Les imams complices de ce genre de méfaits, sont également responsables de plusieurs maux qui gangrènent la société». Pour y remédier, notre interlocuteur préconise des campagnes de sensibilisation à travers la télévision et la presse. Il n'exclut pas les mosquées dont les imams, dit-il, «doivent tirer la sonnette d'alarme pour mettre un frein à ce phénomène qui porte préjudice aux droits et aux intérêts de la femme et des enfants ». R. K.