Cérémonial Chaque année, l?on célèbre l?artiste avec les mêmes discours et les mêmes promesses. Or, l?artiste ne se résume pas à une date. Le 8 juin est décrété Journée nationale de l?artiste, l?unique durant laquelle l?artiste algérien est célébré et reconnu comme tel. Et à cette occasion, de nombreuses manifestations artistiques sont prévues, çà et là, à travers tout le territoire national, et durant lesquelles une série d?hommages est programmée à l?intention de chacun. Mais une fois cette journée passée, ce dernier est oublié, pour retomber dans l?anonymat et l?indifférence, comme s?il n?avait jamais existé. Et ce genre de journée stérile, creuse et protocolaire revient chaque année. L?artiste, seul et délaissé, attend, dans son coin, l?année prochaine pour qu?on se souvienne de lui. Mais il se trouve que l?artiste existe non pas seulement durant la Journée de l?artiste, mais à travers son talent, son nom, sa création et son imaginaire artistique et intellectuel ; l?artiste existe comme tel en soi, et en l?autre à travers le monde auquel il appartient, le monde de l?art et de la culture, un monde, hélas, ignoré par les pouvoirs publics, et méconnu par la société civile elle-même qui, parfois, pour ne pas dire souvent, se confine dans une inertie et une indifférence totale. L?Etat doit, aujourd?hui, reconnaître l?artiste dans sa dimension plurielle, au lieu de s?investir dans des cérémonies d?hommage qui ne font que l?enfermer dans des discours officiels et des circonstances occasionnelles, et le réduire à une entité conjoncturelle. Il doit le reconnaître comme étant un élément essentiel dans le développement social et l?épanouissement culturel, ainsi que dans l?essor économique, il doit reconnaître l?artiste comme étant un facteur capital dans l?émancipation des mentalités et l?ouverture des esprits sur d?autres cultures et d?autres peuples. L?artiste n?est pas un simple homme, il se définit comme étant un «prophète», c?est un «Moïse» qui a pour mission de guider la société vers des horizons meilleurs ; il est sa pensée ; il est l?essence même de la société, sa substance ; il est l?élément qui l?a définie en tant que telle. Il est l?identité, l?authenticité, la créativité. Et sans les artistes qui sont des artisans, car ce sont eux qui font la société et la conceptualisent, la société s?avère orpheline, complètement vidée de sa substantifique moelle et coupée d?elle-même.