Musique n Une soirée artistique, en l'honneur des artistes algériens, a eu lieu, jeudi, à la Coupole. Organisée par la télévision algérienne, ce gala s'inscrit dans le cadre de la célébration annuelle de la Journée nationale de l'artiste fixée un 8 juin, en commémoration du chahid Ali Maâchi tombé jeune au champ d'honneur, le 8 juin 1958. Il avait créé, en 1953, une troupe musicale. Cette soirée a vu la participation de nombreux chanteurs et chanteuses qui, chacun et chacune, à l'instar de Zakia Mohamed, Naïma D'ziria, Mohamed El-Amraoui, Mohamed Tamache, Hassiba Amrouche, ont interprété des chansons puisées dans le répertoire musical algérien. Cette soirée, dédiée à la chanson algérienne dans sa richesse et sa diversité, et notamment à ceux qui l'ont faite, se voulait un panorama représentatif de la chanson algérienne. Il y avait de l'algérois, de l'oranais, du chaoui, du kabyle… Force est de constater, cependant, que cette soirée, organisée en l'honneur des artistes algériens, s'est déroulée en l'absence de plus de public : plus de la moitié de la salle était vide. Les invités, parmi lesquels Djamila et El-Ghazi – pour la plupart des artistes – n'ont pas répondu, semble-t-il, à l'invitation. Leurs places étaient vacantes. Les applaudissements étaient épars, décousus. L'ambiance était terne et une sensation de vacuité se faisait lourdement sentir. Le plateau était, devant une assistance qui semblait visiblement s'ennuyer, plat, uniforme et dépourvu de créativité artistique – et scénique. C'étaient les mêmes chansons qui revenaient, à chaque occasion, sur scène. Elles ont été, plus d'une fois, reprises à telle enseigne qu'on ne savait même pas, pour la plupart d'entre-elles, de qui elles étaient à l'origine. C'est ainsi que la Journée nationale de l'artiste a été célébrée. Le temps d'une soirée, les artistes algériens, et notamment les artisans de la chanson algérienne, ceux qui lui ont donné ses lettres de noblesses, ont été évoqués. La soirée de jeudi nous interroge, sans conteste, sur cette journée dite nationale de l'artiste. Tous vont demain célébrer cette commémorative journée tant en festivités qu'en discours, alors que l'artiste, lui, n'a même pas de statut. Ses conditions morales et sociales restent à ce jour déplorables. S'agissant du fameux statut de l'artiste, dont tout le monde ne cesse de parler depuis près de dix ans, il reste à l'état de projet. Et ce projet reste gelé. Aucune issue favorable à l'épanouissement de nos artistes n'a, à ce jour, été trouvée. D'où la question : comment peut-on consacrer une journée à l'artiste, le célébrer en mots et en chansons, alors que celui-ci est marginalisé et n'a pas de droits protégeant son quotidien et, du coup, assurant son avenir ? Combien sont-ils ceux qui nous ont quittés dans la souffrance, l'anonymat et dans le dénuement moral et social ? Ils sont certainement nombreux.