Dans son message aux artistes algériens à la veille de la Journée de l'artiste célébrée le 8 juin, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé la prochaine mise en place des industries culturelles qui seront «la base matérielle d'un essor sans précédant de la culture et de l'art dans notre pays». «Nous voulons une Algérie où l'éducation artistique commence dès le plus jeune âge, une Algérie où les produits culturels et artistiques pénètrent dans chaque salle, dans chaque maison», ajoutera M. Bouteflika. Le Président a assuré que l'Algérie est «en train de sortir des affres de l'anarchie et du terrorisme, mais le succès de la réconciliation nationale ne serait pas complet s'il se réduisait à une victoire sur le désordre barbare». Ce succès «doit être aussi une victoire de la créativité nationale». Et, pour ce faire, l'Algérie «a besoin des pinceaux de ses peintres, du regard de ses cinéastes, des gestes de ses acteurs et de ses danseurs, des rythmes de ses musiciens et de l'écriture de ses femmes et hommes de lettres», affirmera-t-il. Aussi le Président a-t-il appelé toutes les femmes et tous les hommes de culture en Algérie et, en particulier les artistes, à participer à «contribuer, chacun dans sa spécialité, à enrichir notre culture et à la faire connaître et apprécier à travers le monde entier» et à participer «au vaste mouvement de renaissance nationale qui s'est enclenchée, a-t-il souligné, au cours de ces dernières années». Plus précis, M. Bouteflika demandera à tous les artistes algériens de «faire de la reprise du développement économique et social, une vaste entreprise d'embellissement» des villes algériennes et de ses campagnes. «Notre développement, nous le voulons d'abord à caractère humain, et non pas seulement, un développement mesurable par des indices quantitatifs», a expliqué le président Bouteflika, ajoutant que ce développement «doit créer les conditions d'un épanouissement personnel et esthétique» de tous les Algériens. Ces quelques lignes extraites du message présidentiel constituent à elles seules tout un programme culturel. Résumées, elles expriment le concept et la problématique de la socialisation de la culture qui permettra à l'éducation artistique de commencer dès le plus jeune âge et aux produits culturels et artistiques de pénétrer dans chaque salle, dans chaque maison, comme exigé par le Président. Or, si cette socialisation de la culture a besoin de l'implication active des artistes, il revient d'abord au ministère de la Culture d'élaborer, de mettre en place et d'accompagner la politique culturelle et les mécanismes qui aideront les artistes à produire et permettront à leurs produits d'être largement diffusés. Car il serait illusoire de croire ou de tenter de faire croire que la culture peut se passer du soutien de l'Etat, donc du département de Khalida Toumi. Le cinéma ne peut exister sans la mise en place de la filière de l'industrie cinématographique avec tous ses maillons, du concepteur (le cinéaste) au consommateur (le cinéphile), avec des mécanismes de soutien (encouragement du mécénat et du sponsoring, intéressement des investisseurs…) et des fonds d'aide à la création. Idem pour le théâtre, le livre, les arts plastiques, la danse, qui ont besoin d'avoir leurs circuits de distribution et de diffusion.Avec un tel environnement, l'artiste ne peut que produire et créer. Dès lors, son statut s'imposera de lui-même. H. G.