Il ne suffit pas de chanter et de danser pour réhabiliter l'artiste. Défendons d'abord ses droits. Après... Présidé par la fameuse animatrice de télé Afifa Maâlem avec le chanteur Abderrahmane Djalti, la jeune association culturelle pour la promotion des artistes, baptisée «L'Association des sept arts, l'art et la manière», a animé samedi après-midi, à la salle Ibn Zeydoun de Riad El Feth, une cérémonie à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de l'artiste instaurée il y a maintenant quatre ans et coïncidant avec la commémoration de la mort du chanteur Ali Maâchi. Placée sous le sceau de la simplicité et la générosité cette «quaâda» a eu lieu par ailleurs en collaboration avec l'Office de Riad El Feth (OREF) et la télévision algérienne sans oublier l'aide de sponsors, le très remarqué Djezzy qui a offert gracieusement des puces et portables pour une pléiade d'artistes dont Nourredine Belghali, Bariza, Naïma, Sadek El Djemaoui du groupe mythique El Bahara...Des téléviseurs ainsi que des magnétoscopes provenant de la Safex sont revenus à Khaled Oulebsir, Lamine Merbah, Meriem Ouafa et Khadir Mansour tandis qu'une Omra a été offerte par l'OREF à Amar Ouhada. A cette occasion, des diplômes d'honneur ont été également décernés à ces hommes et femmes de l'art et de la création en reconnaissance à leur apport culturel. «Des noms qui ont été rayés de notre mémoire, des artistes dont des musiciens qui n'ont pas cessé de chanter pendant les années noires et ont risqué leur vie en animant des concerts dans des endroits peu imaginables», selon les propos de Afifa. Et pour fêter cette journée un peu particulière, de nombreux artistes ont fait le déplacement à la salle Ibn Zeydoun. Notons le chanteur Nouredine Belghali qui qualifiera cette journée d'historique et dira toutes les souffrances qu'a endurées et que continue à endurer l'artiste algérien depuis l'indépendance jusqu'à nos jours, ainsi que Abdelmadjid Meskoud, la grande comédienne et désormais chanteuse Beyouna, la chanteuse kabyle Drifa, Boualem Chaker et bien d'autres qui ont égayé cette «quaâda» en lui insufflant joie et liesse. La fête était au rendez-vous certes. Cependant, il faut se rendre à l'évidence, ce n'est pas la puce d'un portable qui effacera les vicissitudes et les tracas que subissent continuellement et quotidiennement les artistes! Certes, c'est le geste qui compte d'autant plus émanant d'une si jeune association «au pouvoir limité» qui a éclos au mois de février dernier. Triste est la situation de l'artiste chez nous, faut-il l'avouer, victime aussi de son propre désarroi, ne tient pas ses promesses lorsqu'il annonce la tenue d'un meeting, un meeting qui ne viendra pas, hélas, après plus d'une heure d'attente...Marginalisé, laissé-pour-compte et dédaigné, il l'est également et malheureusement, lorsqu'il tombe malade ou se trouve dans des conditions de vie des plus précaires. Derrière les fous rires et les minauderies de Beyouna, Hamid Achouri et les autres se cachent des blessures bien camouflées par leur courage, la témérité et l'audace d'aller toujours de l'avant oubliant les tracas du passé. Que pense Djalti de cette journée dédiée à l'artiste? En réponse, cette réflexion lourde de signification: «Il faut des hommes à leur place pour venir en aide aux artistes car les idées existent! Il faut aussi des investisseurs qui oeuvrent pour la prospérité de l'art en Algérie, pas uniquement des bananes...» En fait, que font les autorités concernées pour alléger le mal des artistes qui crèvent dans la misère sans aide ni subvention de l'Etat? La célèbre chanteuse, Meriem Ouafa, est un cas parmi tant d'autres qui illustre à merveille cette frange d'artistes qu'on a délaissés et dont on ne se souvient qu'à certaines occasions. Ayant eu ses années de gloire, Meriem est aujourd'hui fatiguée de ce vide qui l'éloigne de la scène artistique, elle espère y retourner, si ses conditions de vie s'améliorent. «Jusqu'à présent, je n'ai plus chanté car j'estime que je n'ai pas tout donné de moi-même à la chanson». Pourquoi ne la sollicite-t-on pas? Meriem Ouafa qui n'a pas de revenus, affirme avoir toujours vécu au cachet en animant les mariages et autres. Elle déplore ainsi l'absence du statut chez l'artiste qui l'accule à perdre de son honorabilité dans sa vie quotidienne et privée. Meriem n'attend que les propositions pour pouvoir s'exprimer à nouveau et faire plaisir à ses admirateurs. Elle exhorte par ailleurs tous les artistes à s'unir - l'union fait la force, dit-elle -.Il s'agit d'adopter une position unanime pour la défense de l'art qui est une cause noble. Elle espère enfin qu'on multipliera ce genre de rencontres. En effet, faut-il attendre le 8 juin de chaque année pour se souvenir des artistes et voir poindre pour eux un semblant d'intérêt quant à leur avenir. Et de quelle manière?