Récidivistes - Le transfert des malades du secteur public au privé est, chez nous, devenu une pratique des plus courantes et notamment en matière de chirurgie cardiaque. Un autre phénomène malheureux à mettre au passif d'un secteur qui ne donne pas l'impression d'envisager de se remettre en question. Un constat que le chef de service de chirurgie cardiaque à l'Etablissement hospitalier spécialisé Mohamed-Abderrahmani de Bir Mourad Raïs, le Pr Salah Eddine Bourezzak, n'a pas manqué de dénoncer. Pour lui, le secteur public devient «une annexe» du secteur privé, dénonçant ainsi le transfert des malades du premier secteur vers le second. Il ira même jusqu'à dire que l'établissement où il exerce peine à trouver des malades à opérer, tant le phénomène s'est généralisé. La majorité des praticiens en chirurgie cardiaque du secteur public préfèrent travailler pour le compte des cliniques privées, sauf qu'en cas de complications, le malade est transféré vers un établissement public, a-t-il déploré dans un entretien accordé à l'APS la veille de la célébration de la Journée mondiale du cœur coïncidant avec le 26 septembre. Pis, des médecins étrangers prennent en charge de «simples» cas de personnes cardiaques dans des cliniques privées, alors qu'ils sont à la portée des maîtres assistants et médecins résidents algériens, regrette le Pr Bourezzak qui appelle à contrôler les salaires de ces médecins étrangers. La plupart de ces médecins ne connaissent même pas leurs malades et arrivent la veille de l'intervention. Certains d'entre eux pratiquent une douzaine d'opérations en l'espace de deux ou trois jours, déplore encore notre spécialiste qualifiant cela d'impossible sur les plans «technique et chirurgical». Il s'est, d'ailleurs, interrogé sur le taux de réussite de ces opérations et du nombre des décès qui en découlent dans les cliniques privées. Le spécialiste a, dans ce sens, cité le cas d'un chirurgien qui a pratiqué des opérations chirurgicales sur des enfants atteints de maladies cardiaques génétiques «tous décédés», soulignant le manque d'expérience dans ce domaine. Pourtant, une instruction du ministère de la Santé avait stipulé que les cardiaques dont le cas nécessite une opération chirurgicale ne devaient pas se faire traiter dans une clinique privée avant de passer par un établissement public, a-t-il indiqué, précisant que cette instruction a été temporairement appliquée. Par ailleurs, la Constitution algérienne, rappelle-t-il, stipule que «l'Etat a le devoir de prendre en charge et de protéger la santé du citoyen».