Carnage - Quarante étudiants, qui dormaient dans le dortoir de leur collège, ont été tués hier matin, dans une attaque du groupe islamiste Boko Haram, dans le nord-est du Nigeria. Quarante étudiants ont été tués et quatre blessés dans cette attaque survenue dans la ville de Gujba, à 30 km de Damaturu, capitale de l'Etat de Yobe, selon un communiqué du gouverneur de cet Etat, Ibrahim Gaidam. «Des terroristes de Boko Haram se sont introduits dans le Collège de l'Agriculture et ont tiré sur des étudiants alors qu'ils dormaient, a déclaré le porte-parole militaire de l'Etat, Lazarus Eli. Des dizaines d'hommes armés ont fait irruption dans le dortoir et ont tiré au hasard dans le noir, a raconté un témoin, Salamu Ibrahim, un étudiant de 23 ans, qui s'est réfugié à Damaturu après le carnage, comme des centaines d'autres étudiants. «Les assaillants sont devenus fous furieux», a-t-il dit, «ils étaient lourdement armés avec des fusils sophistiqués et des explosifs artisanaux» et ont fait sauter plusieurs bâtiments du collège après avoir quitté le dortoir. Les corps des étudiants ont été évacués vers un hôpital de Damaturu où des centaines de proches des élèves sont venus voir si des membres de leur famille figuraient parmi les victimes, a indiqué un responsable de l'hôpital sous couvert de l'anonymat.«Nous avons maintenant 40 corps qui ont été amenés à la morgue après l'attaque», a indiqué ce responsable. L'Etat de Yobe a été le théâtre de violentes attaques ces derniers mois contre des étudiants, toutes imputées à Boko Haram. L'attaque perpétrée hier, dimanche, aux premières heures, est la dernière d'une longue liste depuis quatre ans. La pire attaque jusqu'à présent s'est produite en juillet dans la ville de Mamudo, où les islamistes ont lancé des grenades explosives et ouvert le feu dans des dortoirs, tuant au moins 41 personnes, essentiellement des étudiants. Boko Haram -dont le nom signifie «l'éducation occidentale est un péché», en langue haoussa- est responsable de nombreuses attaques visant des écoles, des universités et des collèges au cours de son insurrection déclenchée depuis près de quatre ans. En juin, des insurgés de Boko Haram avaient tué sept lycéens et deux professeurs à Damataru. Yobe est un des trois Etats du nord-est du Nigeria où l'armée mène une offensive depuis la mi-mai pour tenter de mettre fin à l'insurrection de Boko Haram. Selon l'armée, ces récentes attaques contre des établissements scolaires montrent le «désespoir» du groupe islamiste, qui n'a que la capacité, selon elle, de s'attaquer à des cibles «faciles». Le ministère de la Défense a assuré qu'une offensive, à la mi-mai, contre Boko Haram avait «décimé le groupe» et dispersé ses membres dans des régions reculées du Nord-Est, son fief traditionnel. Néanmoins, le succès de cette offensive militaire est souvent mis en doute. Des insurgés de Boko Haram, déguisés en soldats, ont tué 142 personnes au moins en septembre dans la ville de Benisheik, dans l'Etat de Borno. Boko Haram cible aussi des membres de milices d'autodéfense qui se sont formées pour aider l'armée.