Résumé de la 120e partie - Marcelle arrive à persuader Christiane qu'elle a un cancer... Ensuite, parce qu'il existe, en médecine, des cas sérieux où l'on doit avoir le courage de regarder la réalité en face si l'on veut guérir... Et il faut que vous guérissiez ! Je m'en charge...» - «C'est donc plus grave que vous ne le pensiez au début ?» - «Je le crains, mais ne nous affolons pas ! La première chose à faire est que vous reveniez demain après-midi, quand le docteur ne sera pas là, pour que je vous fasse une tomographie de face et de profil... Vous savez bien je vous ai déjà expliqué ce que c'était qu'une tomographie... des radios successives que l'on prend à différents plans de profondeur pour pouvoir localiser exactement l'emplacement du mal.» — «Mais vous m'avez dit plusieurs fois, Marcelle, que si l'on pratiquait une tomographie, c'était généralement pour savoir si...». Elle s'arrêta net de parler. En une seconde son visage se décomposa. Je répondis vivement : — «Taisez-vous ! Ne prononcez pas ce mot hideux que vous avez sur les lèvres ! Attendez le résultat comme moi... Ce ne sera qu'en suite que nous agirons... Ne dites surtout rien à Denys essayez de rester souriante.., c'est absolument indispensable ! Je vous attends demain après-midi comme convenu... Je remporte ces premières radios qu'il ne faut pas laisser traîner : elles font partie de notre secret, à vous et à moi. Elle viendra demain, je le sais. Je ferai la tomographie... Elle m'entendra murmurer lentement : «2 centimètres... 4 centimètres... 6 centimètres... 8 centimètres», puis elle rentrera, encore un peu plus affolée, chez elle... Et vingt-quatre heures plus tard, je retournerai au château, munie cette fois des épreuves de la tomographie ma propre tomographie pratiquée à Villejuif - qui me serviront pour la scène grandiose que je prépare minutieusement dans ma tête depuis des mois. Quand je repartirai du château, ce jour-là, il y aura dans le pays un cancer moral de plus... Sincèrement, c'est du beau travail... Les choses continuèrent à se passer exactement comme Marcelle Davois les avait voulues... Pendant que j'étais en train d'accoucher le deuxième fils de l'horticulteur Servais, Christiane subit la redoutable épreuve de la tomographie sous mon propre toit. Mystification tellement sinistre que je préfère ne pas l'ima-giner. Pour en connaître les détails, je n'aurais qu'à relire ce que mon assistante a déjà écrit dans son journal sur la séance qu'elle dut endurer elle-même à Villejuif en présence du professeur Berthet et de son premier assistant. Quand Christiane repartit chez elle, en fin d'après-midi, elle ne devait plus être qu'une malheureuse aussi désespérée qu'une Mme Boitard ou qu'une Marcelle Davois elle-même allant errer dans un cimetière devant la tombe de ses propres parents pour essayer de trouver quand même la force de vivre ! (A suivre...)