Résumé de la 47e partie - Marcelle sait qu'elle a un cancer et à un stade très avancé... Qu'est-ce qui ne va pas ?» Je lui expliquais en détail ce que je ressentais. Après m'avoir écoutée avec attention, il me dit : - «Peut-être avez-vous un point pleurétique ? Nous allons nous en rendre compte tout de suite. Déshabillez-vous.» Il m'ausculta longuement ; ça me fit un curieux effet de passer de l'autre côté de la barrière pour prendre la place du malade. Mais ce ne fut rien à côté de la sensation que j'éprouvais à être derrière la glace-écran dans la chambre de radio. «Je connaissais le professeur : il ne parlait jamais pendant un examen radioscopique. Quand celui-ci fut terminé, il me dit simplement : - «Je ne vois pas grand-chose ; aussi vais-je faire deux ou trois radiographies. J'étudierai les plaques ce soir dès qu'elles seront développées. Et revenez me voir demain matin de bonne heure, vers huit heures, voulez-vous ? Nous serons plus tranquilles avant l'arrivée de mes assistants et surtout des malades.» —... En ressortant de l'Institut, j'étais un peu inquiète... Oh ! je ne pensais pas une seconde au mal pour lequel tous venaient à Villejuif... Non ! Mais je n'ignorais pas que l'homme, qui venait de m'examiner avec tant de soins, savait - mieux que n'importe quel radiologue - voir les moindres détails dans une radioscopie. Pour qu'il eût jugé nécessaire de tirer des plaques, c'était donc qu'il avait découvert quelque chose d'assez sérieux. Tuberculose ? Ce n'était pas un mal de ma famille et j'avais toujours vécu dans une hygiène parfaite. À moins que l'un des malades visités ne m'ait communiqué le bacille ? A moins aussi que la fatigue accumulée n'ait préparé un terrain favorable ? Ce serait terrible pour moi s'il me fallait aller pendant un certain temps me reposer dans un sanatorium. Je perdrais tout le bénéfice de la situation que j'étais parvenue à me créer rapidement chez Denys. Christiane en profiterait pour me faire remplacer par une infirmière qui lui serait dévouée à elle ou même pour ne pas me faire remplacer du tout et rester la maîtresse absolue de la maison. — Le lendemain matin, Berthet me dit, dès mon arrivée : - «J'ai examiné les plaques. Elles sont insuffisantes pour établir un diagnostic valable. Je vais vous faire une tomographie de face et de profil.» En entendant ces mots, je frissonnai : ce fut plus fort que moi. Berthet m'appliquait exactement les méthodes qui permettent de localiser une tumeur. Aurait-il décelé une tumeur à l'un de mes poumons ? — Ce fut long. Aidé par son premier assistant, Berthet fit huit radios quatre de face et quatre de profil qu'il tira à différents plans de profondeur. Jamais je n'oublierai la voix de l'assistant disant, pendant que je me tenais debout, nue jusqu'aux hanches, derrière la glace-écran - «Voilà celle de 2 centimètres... Celle de 4 centimètres... Celle de 6 centimètres... Celle de 8 centimètres...» - «C'est fini, Marcelle, me dit le professeur. Nous allons les développer tout de suite dans les cuves pour les étudier. (A suivre...)