Déflagrations - Guadalajara au Mexique, une grande ville comme une autre, où les rues recouvrent un labyrinthe de câbles et de tunnels. Un labyrinthe auquel personne ne prête attention. Jusqu'à ce que l'impensable survienne et que 206 habitants perdent la vie. Il est 1h 30 du matin en ce 21 avril 1992. Le moment le plus chaud de l'année à Guadalajara, deuxième plus grande ville du Mexique. Dans le quartier populaire de Reforma au sud-est, une odeur nauséabonde se répand depuis deux jours. Les Gomez et leur quatre enfants vivent dans l'une des rues les plus peuplées de Reforma : Ganté. Mais même en pleine nuit, ils ne peuvent pas dormir. Et ce n'est pas à cause de la chaleur. « Je suis allé aux toilettes. L'odeur était terriblement forte. ça sentait tellement l'essence qu'on ne pouvait pas rester à l'intérieur. Tous les voisins se plaignaient que les égouts, les toilettes et le tuyau d'évacuation sentait l'essence», témoigne madame Gomez. Il est 7 heures du matin, à vingt pâtés de maisons des Gomez, Socco Jorios, se met au travail dans sa boutique de tortillas (fast-food). Ses voisins pensent que l'odeur est, peut-être, due à une fuite de gaz dans sa cuisine. Par précaution, elle appelle la compagnie du gaz. Deux ingénieurs effectuent un contrôle et ne trouvent rien. Mais les voisins continuent à se plaindre et ils rappellent la compagnie. «Ils sont revenus et cette fois-ci ils ont changé le régulateur. Maintenant, d'après eux, tout allait bien. Mais il y avait toujours une odeur épouvantable. Je ne savais pas quoi faire, alors je n'y ai plus fait attention», explique madame Socco Jorios. 10 h du matin, à présent il n'y a pas que l'odeur. Des habitants disent voir des panaches de gaz sortir des égouts. Il se passe quelque chose sous terre. Mais il n'est pas rare que les égouts sentent mauvais. Guadalajara est une ville champignon. Dans la course pour développer l'industrie et créer des emplois, les entreprises ont souvent fait fi des normes environnementales et rejetées illégalement des déchets dans les égouts. 13h, l'odeur s'intensifie. Georges Santoyo travaille pour le service des eaux. Il est responsable de la sécurité et de la santé publique et il est inquiet. «Nous avons examiné les égouts pour chercher la source de la contamination», indique-t-il. L'inspection ne permet pas de trouver la cause de ce phénomène. Entre-temps la brigade des pompiers affirme qu'il n'y a rien à craindre. (A suivre...)