Rendez-vous - Le Festival international du théâtre se tiendra, dans sa 5e édition, à Béjaïa du 29 octobre au 5 novembre. Le programme prévoit 32 représentations théâtrales représentant 24 pays venus des quatre continents, Afrique (le Bénin, la Guinée et le Sénégal), Asie (Calaison, le Japon et le Kurdistan), Europe (la France, l'Allemagne, la Croatie, l'Autriche, l'Italie, la Belgique et les Etats-Unis... les pays arabes (le Koweït, la Syrie, l'Irak, l'Egypte, la Palestine, le Liban...). Outre les représentations, le programme prévoit aussi un colloque international. Il a pour titre «Avant-théâtre : les formes de la représentation théâtrale dans le théâtre antique dans l'Afrique et en Asie centrale». «Une thématique qui débattra des formes traditionnelles de la représentation théâtrale pour dire que le théâtre a bel et bien existé et commencé quelque part chez-nous du côté de la Numidie et de l'Afrique du Nord», explique Omar Fetmouche, commissaire du festival. A cela s'ajoutent des conférences-débats : ces rencontres auront lieu à la cinémathèque de Béjaïa avec des sommités du monde du théâtre à l'instar de Jouad el-Assadi et le directeur général de l'Institut du théâtre international de l'Unesco. Soucieux de susciter l'intérêt du grand public quant à l'art des planches, le festival consacre une partie de son programme à l'activité de proximité. Cela dit, outre le programme intra-muros, le comité d'organisation en a tracé un autre extra-muros, c'est-à-dire aller vers le public, aller à sa rencontre. Il y a donc une décentralisation sur huit wilayas d'Algérie et une dizaine de communes de la wilaya où un bus sillonnera quelque 20 villages avec des conteurs. Chaque matin il sera sur un itinéraire en déposant deux à trois conteurs qu'il récupérera au retour. Cette année, le Théâtre national algérien a fêté en tant qu'institution son 50e anniversaire. Sa nationalisation ayant eu lieu le 8 janvier 1963. A la question de savoir si le terme «nationalisation» ne signifie pas monopole de l'Etat sur la pratique théâtrale, Omar Fetmouche, également directeur du Théâtre régional de Béjaïa répond : «Je ne pense pas, car avec le temps, l'Etat algérien n'a jamais tenté de censurer ou de donner des instructions très strictes quant à la production théâtrale. Cela fait presque dix ans que je suis au Théâtre régional de Béjaïa, et jusque-là, nous n'avons reçu aucune instruction, ni écrite ni verbale, qui tend à nous indiquer ou à nous obliger à monter tel ou tel spectacle.» Et de renchérir : «Le paradoxe, c'est que le théâtre est placé sous la tutelle du ministère, donc de l'Etat, et il se trouve qu'il y a des pièces produites par le TNA ou les théâtres régionaux faisant allusions à la politique. Il y a des critiques. Raison de plus, il y a eu plusieurs pièces théâtrales montées dans des institutions publiques et qui critiquaient des institutions de l'Etat, elles pointaient du doigt certaines manières de gérer la société algérienne, elles mettaient en évidence les problèmes sociaux. Je pense que le théâtre algérien a gardé son essence propre, c'est-à-dire pendant la Guerre de Libération, il était d'essence avant-gardiste, d'essence revendicatrice. Le théâtre algérien n'a pas perdu de son aura, jusqu'à maintenant, il a gardé sa matrice. La plupart des pièces jouées sont à revendication sociopolitique.» Qui dit 50 ans de TNA, dit 50 ans de théâtre. D'où la question : quel bilan peut-on faire sur cette période où les planches ont vibré aux rythmes des pièces jouées. «En effet, le TNA a fêté son 50e anniversaire, et durant toute cette durée, il a contribué de manière effective au développement, à l'animation et à la diffusion du théâtre», souligne Omar Fetmouche. «C'est l'heure aujourd'hui de faire le bilan, de ne pas déchirer la page, mais de faire le bilan objectif et d'établir une stratégie nouvelle pour l'avenir, la construction et la mise en place d'un théâtre algérien», ajoute-t-il. Ainsi, il est temps de dresser le bilan d'une histoire qui a duré 50 ans et, malgré les contraintes ou insuffisances rencontrées, le théâtre algérien continue d'exister. Il ne faut pas se complaire dans le passé ou s'arrêter sur des problèmes, parce que le théâtre est une histoire extraordinaire.