Performance - Le public a apprécié le spectacle offert hier à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-Feth), par la troupe Amalgama Compania Flamenca, dirigée par l'Algérienne Samara, danseuse principale. Née à Alger, Samara s'initie très jeune au piano, au violon et à la danse classique, avant de découvrir à Paris, alors jeune étudiante, le chant du flamenco qui la passionne. La danse viendra par la suite, au cours d'un voyage à Séville. L'expérience est si forte qu'elle décide de s'installer dans la capitale andalouse où elle défend l'école flamenca traditionnelle, mais reste ancrée dans son temps. S'étant fait entourer de grands maîtres du flamenco, Samara a fini par obtenir le diplôme de la Fondation Cristina Heeren d'art flamenco. Initié par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, le spectacle, intitulé Senderos, était plein d'enthousiasme et d'émotion, recréant sur scène aussi bien en chant qu'en musique l'extraordinaire univers du flamenco, fait de beauté et d'harmonie. Le temps d'une représentation, la salle a vibré sous les pas saccadés et gracieux de Samara, la danseuse algérienne, et des cinq membres l'accompagnant. En effet, Samara (danseuse), Kuky Santiago (danseur), Sergio Matesanz (guitariste), Fernando Maya (percussion), Allende (chanteur) et Ana Barba Moreno (chanteuse) ont présenté ce qu'il y a de plus esthétique, poétique, personnel, profond, voire d'original, donc d'exceptionnel dans le flamenco, l'empreinte même de l'Andalousie. La grâce dans le geste et l'élégance du mouvement, alliées à la fermeté du regard et à la contraction du corps, ont caractérisé les différentes danses présentées par Samara et Kuky Santiago, dans leur costume de gitan, longuement applaudis par le public. L'originalité de cette performance, qui associe, aussi bien avec intelligence et sensibilité, l'authenticité du folklore à des mouvements et gestes d'inspiration purement contemporaine, tient de la profondeur que contient cette dernière (la performance). Il s'agit en effet d'une œuvre intimiste, où le mouvement va jusqu'à explorer les profondeurs de l'âme. C'est une performance de l'intériorité, puisque le jeu privilégie les sentiments, qui, eux, génèrent les expressions corporelles et l'alimentent. Ils aiguillent tout mouvement vers son accomplissement. Cette intimité est rendue perceptible grâce notamment à l'éclairage feutré, à dominance rougeâtre. Cela a, en outre, contribué à la création d'une atmosphère tamisée, donnant ainsi au spectacle une force visuelle aux allures solennelles. Cette force a aussitôt généré des ondes entraînantes de lyrisme, exprimées par la force intérieure des artistes sur scène. - Intense et envoûtant, que le jeu qui s'est déroulé en sept tableaux et a mis en scène et les danseurs et les musiciens et les chanteurs, et ce, de manière à assurer abondance et équilibre. Le tout s'est illustré avec une fragilité poétique et une subtile désinvolture. Cela ne signifie nullement absence, mais bien au contraire, il y a à travers chaque expression corporelle habilement exécutée une recherche d'un flamenco absolu et authentique, c'est-à-dire unique, donc personnel. Autrement dit, la guitare et la danse s'unissent autour du chant, pilier central de la culture flamenca, pour atteindre une expression simultanée des sentiments de l'âme. C'est un chemin initiatique entrepris par le groupe, qui, guidé par une même quête, s'immerge dans les racines profondes de cette culture authentique, complexe et fascinante. La soirée était riche en émotions, qui ont ravi et ému le public. Elle ont créé des moments de joie chez les amoureux du flamenco et permis de garder le lien culturel et artistique entre les deux rives de la Méditerranée.