Fait De tout temps, en Algérie, et ce depuis l?indépendance, l?artiste a toujours été ignoré par les pouvoirs publics. Aucun statut n?a été prévu pour lui, pas plus qu?une reconnaissance de son talent ou une protection de sa production intellectuelle. Aucun texte juridique concret n?est venu agir efficacement sur toutes les questions liées à son milieu créatif et à ses conditions de vie professionnelle. L?artiste algérien est livré à lui-même ; et comme les oiseaux qui se cachent pour mourir, il s?éteint, dans le silence et l?indifférence. Toutefois, quarante années plus tard, une prise de conscience et un désir de changer la réalité de l?artiste algérien commencent à se faire sentir au sein de la tutelle. L?Etat aujourd?hui se préoccupe de la situation des artistes et nourrit ce souci d??uvrer pour l?amélioration de leur condition. D?où «la mesure de toute l?urgence qui s?attache à la réhabilitation de l?artiste qui passe nécessairement, à notre avis, par l?importance des droits à la reconnaissance et à la protection sociale dont il a besoin», dira Khalida Toumi, ministre de la Culture, dans une déclaration lors d?un entretien accordé au quotidien La Dépêche de Kabylie. Et d?ajouter : «C?est justement ce à quoi nous nous employons, à travers le vaste programme de l?élaboration du statut de l?artiste que nous avons engagé depuis près de deux ans.» Et pour bien mener à terme son action, l?Etat a mis en place un programme de réhabilitation de l?artiste algérien, qui s?inscrit, selon la ministre, dans «un dispositif global de prise en charge du statut des artistes dans tous ses aspects, notamment la défense de leurs intérêts matériels et moraux, pour mieux faire avancer leur cause sur toutes les questions liées à leur milieu créatif et à leurs conditions de vie professionnelle». Ce programme, en faveur des artistes, aboutit à la création d?un Conseil national des arts et de la culture, un organisme qui aura pour mission de mieux réguler les efforts en direction des artistes. Et à la création aussi du syndicat des artistes affilié à l?Union générale des travailleurs algériens, puisque l?artiste est un travailleur culturel. Il est à rappeler qu?un séminaire a eu lieu les 27 et 28 avril 2003 au siège de l?Ugta pour décider d?une stratégie commune visant à promouvoir un véritable statut de l?artiste. Lors de ce séminaire qui a été organisé par l?association Ehan et auquel avait participé Zone Franche (Marian Lefort), les participants, en présence de l?Union générale des travailleurs algériens, la Fédération internationale des acteurs, la Fédération internationale des musiciens, le Syndicat français des artistes interprètes, le Syndicat national des artistes musiciens de France et l?Association internationale Zone Franche (Réseau des musiques du monde), ont pris la décision de constituer un groupe de travail ayant pour objectif la création d?une organisation syndicale. A la suite de ce séminaire, d?autres réunions ont eu lieu. En fait, trois regroupements régionaux sociaux se sont tenus l?année dernière : l?un à Constantine, un autre à Oran et le dernier à Alger. Ces regroupements ont permis d?apporter les éclaircissements nécessaires à l?action envisagée, et surtout de recueillir les avis et observations de la communauté artistique dont les propositions ont servi à enrichir considérablement ce projet. En marge de ces regroupements, de nombreux hommages aux doyens des artistes, toutes disciplines artistiques confondues, ont été rendus, en 2003, par le ministère de la Culture. «Ces hommages, nous les avons voulus symboliques de tout ce chantier ouvert au profit des arts et de la culture, dans le cadre des orientations du président de la République et de la mise en ?uvre du programme présidentiel», dira encore Khalida Toumi.