Patrimoine - La hsira fait partie du décor rural, tissée en alfa et utilisée dans les maisons ou pour décorer des locaux commerciaux et les mosquées. Des démarches sont entreprises en vue de relancer sa fabrication. Il serait également question de créer des opportunités de formation d'une main-d'œuvre qualifiée dans ce métier traditionnel, jadis en vogue, qui est tombé ces dernières années en désuétude. Dans cette optique, une convention a été signée dernièrement entre la Direction de la formation et de l'enseignement professionnels et la Chambre d'artisanat et des métiers de la wilaya, qui s'est soldée par l'ouverture, lors de la récente rentrée, d'une nouvelle spécialité au CFPA Ahmed-Ghazi de la commune de Beni Snouss, pour la formation des filles en tapisserie, encadrée par des artisanes préservant toujours leur savoir-faire et leur doigté. Selon le président de la Chambre d'artisanat, cette opération vise principalement la réhabilitation de ce produit traditionnel et sa promotion d'une part, et la création d'emplois pour la femme rurale, d'autre part. La région de Beni Snouss s'est rendue célèbre par la production du tapis en nattes aux côtés d'autres régions steppiques du sud de la wilaya dont Sidi Djillali, Bouihi et Sebdou. Les artisans de ces régions entendent innover dans la confection des plus beaux tapis dont le nom renseigne sur le hameau de sa fabrication, comme hsira Khemissia, en relation avec la localité de Khémis, hsira Achirtia (de Beni Achir) et hsira Moussatia et bien d'autres tribus de Beni Snouss où la rivalité dans la confection de la hsira se fond en une belle émulation. Chaque zone rurale laisse sa propre empreinte sur ce produit artisanal pour le distinguer des autres et chaque artisan a son modèle de fabrication lié à son village. La fabrication du tapis en natte est un travail collégial qui se fait par la femme et l'homme. Ce dernier veille dans les champs steppiques pour d'abord cueillir l'alfa et des fibres extraites du doum, le fil qui servira à la trame de tissage. Une fois rassemblés en bottes, ces produits végétaux sont traités avec de l'eau et de la teinture pour les mettre à la disposition des femmes qui commencent le véritable métier de tissage. Le tissage se fait en duo sur un métier à tisser composé de deux roseaux. Les femmes se chargent d'abord de la préparation d'une chaîne d'alfa. La trame en brin d'alfa roué et battu au maillet est mélangée à de la laine en couleur où les teintes verte, rouge et orange sont dominantes. Les produits finis sont rangés en tas dans une salle de la maison pour être ensuite exposés à la vente le jeudi, jour du marché hebdomadaire. Autrefois, les commerçants venaient le jour du souk de toutes les régions du pays pour acquérir des tapis en natte de Beni Snouss et les revendre dans les villes et villages, garantissant un revenu pour la population de la région. Aujourd'hui, ce métier, qui a aidé plusieurs familles rurales à survivre durant les longues années de disette, notamment lors de la Guerre de Libération nationale, et à assurer une ressource aux commerçants d'alors, a connu une baisse vertigineuse dans sa production actuellement, voire son arrêt, avec la récession de la demande, obligeant des familles à abandonner cette activité laborieuse «concurrencée» par des marques étrangères.