Chez les Béni Snous, berbères des monts de Tlemcen, la réalisation des nattes, tapis en fibres est une activité féminine. L'alfa, «el halfa» est une plante herbacée vivace de la famille des poacées, originaire des régions arides de l'ouest du bassin de la Méditerranée. Après le ramassage des fibres d'alfa, les femmes de Béni Snous la trempent dans de l'eau pour la mettre à sécher après le trempage. C'est sur des métiers à tisser de haute lice que les nattes sont tissées. Il y a d'abord une préparation d'une chaîne d'alfa. La trame est soit en brins d'alfa roués et battus au maillet, mélangée à de la laine en couleurs où les teintes verte, rouge et orange sont dominantes, soit totalement en laine. Il est une tradition commune à toutes les tisseuses d'Algérie, le chant spécifique à l'action du tissage. Les artisanes, au cours du tissage, chantent des airs ou bien invoquent Dieu, le Prophète et les saints. Elles travaillent en duo et ne commencent leur ouvrage que la journée du mercredi non sans avoir suspendu au-dessus du métier à tisser des fétiches en guise de porte- bonheur. Les motifs de décoration des nattes des Béni Snous sont généralement géométriques qu'elles peuvent varier par des ornements brodés en laine. La symbolique des décorations diffère d'un village à un autre. Parmi les figures les plus courantes, on retrouve le carré, le rectangle, le losange qui symbolisent l'œil, la lune, le peigne … A l'autre bout des chaînes de montagne algériennes, dans les Aurès on ne retrouve les mêmes nattes que chez les Béni Snous, «H'ssira Boutaleb». Cette carpette «bio» baptisée du nom Bou Taleb, massif de la Hodna, est également fabriquée par les femmes. L'alfa dans cette région est récoltée sur place. Au cours du tissage, l'artisane aurésienne ajoute des poils de chèvre pour une meilleure rigidité. Les nattes sont souvent vendues afin d'améliorer la vie de famille par un apport pécunier. Sources, mémoires de femmes au bout des doigts.