Epilogue n La tragédie de Guadalajara aura fait officiellement 206 morts, plus de 1 440 blessées et près d'un milliard de dollars de dégâts... Aujourd'hui, Maria de Ganzales a le cou fracturé. Elle doit porter une minerve pour soutenir sa tête. Après cinq ans celle-ci est usée et elle n'a pas les moyens de la remplacer. «On m'a toujours dit que ma vie ne tenait qu'à un fil parce que mon cou est tassé. Et que c'est la minerve qui soutient ma tête. Vous avez, peut-être, remarqué, ma tête penche d'un côté. C'est très douloureux», raconte-elle à la télévision locale en larmes. Lilia Ruiz a perdu sa jambe gauche. Une fois par an avec d'autres survivants elle retourne sur les lieux de la catastrophe pour assister à un recueillement à la mémoire de tous ceux qui sont morts. Le propriétaire de la maison où ils se recueillent, a perdu cinq membres de sa famille. Il a fait le vœu de ne jamais plus y habiter. Le site restera ainsi à jamais un mémorial aux victimes. La perte de tant de vie est due à une suite d'événements déterminants qui a trouvé son aboutissement ce jour-là. Une conduite d'eau mal conçue et placée trop prêt d'un pipeline d'essence a provoqué une réaction appelée corrosion galvanique. Les deux tuyaux se sont mis à fuir et l'essence s'est infiltrée dans le sol. L'essence a enveloppé le principal tuyau d'égout de la ville. Elle a pénétrée dans le tuyau et a inondé l'égout. «Les égouts, les toilettes, les canalisations, sentaient l'essence», raconte une rescapée. Les vapeurs d'essence sont restées bloquées dans un tronçon de l'égout en pente ascendante, redessinée pour faire passer un nouveau métro. Les vapeurs ne pouvaient s'échapper que par les plaques d'égouts et les tuyaux d'évacuations des maisons. «Toutes ces odeurs ce jour-là ont provoqué des maux de tête, des nausées et des vomissements tellement elles étaient fortes», raconte Maria de Ganzales. La température élevée a fait l'effet d'une serre sur les gaz volatils. Une étincelle a enflammé les vapeurs provoquant la première explosion. «C'était un bruit étouffé qui venait de sous terre. Cela a secoué notre maison. Des fissures sont apparues sur les murs et la rue est devenue noire», raconte un autre rescapé. Une série d'explosions a alors secoué le réseau d'égouts dévastant les rues de la ville sur huit kilomètres. Et après la catastrophe, Pemex a fermé sa raffinerie de pétrole et détourné son pipeline à haute pression pour le faire passer loin de la ville. Aujourd'hui Guadalajara possède un nouveau réseau d'égouts doté d'un système de surveillance de pointe. Il mesure en permanence les gaz et les toxines dans les égouts pour éviter que pareille tragédie ne se reproduise. L. Aït Saïd