Résumé de la 5e partie - L'équipage avise les passagers du déroutement vers Halifax prévu. Tout semble aller pour le mieux. Mais, l'avion est trop haut pour une piste à moins de 50 kilomètres de là... «On a besoin de 50 kilomètres pour pouvoir descendre», dit le commandant. «Reçu Swissair 111, virez à gauche 4.3.6.0.» Les échanges radio le prouvent, l'équipage affiche un sang-froid très professionnel. Au sol, comme toujours lorsqu'un avion est en difficulté, l'alerte est déclenchée et les services de secours de l'aéroport d'Halifax se mettent en position pour accueillir l'appareil d'ici à quelques minutes. «Swissair 111, pouvez-vous nous dire combien vous avez de carburant et combien de passagers vous avez à bord. C'est pour les services d'urgences», demande le contrôleur. «On a 87 tonnes de carburant, il faut qu'on en largue un peu. On pourrait faire ça pendant la descente.» Le contrôleur pensait que l'avion allait se poser directement. Il ne s'attendait pas à une telle décision de la part de l'équipage. «C'est à ce moment-là que les choses ont commencé à se compliquer et après ça, ça n'a fait qu'empirer au fil de nos échanges radio», dit le contrôleur. Pour aider les deux pilotes suisses, le contrôleur va chercher une zone de largage de carburant le plus proche possible d'Halifax. Il leur propose la baie de Sainte-Margarèthe. A une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de l'aéroport. «L'autre possibilité, s'ils m'avaient demandé de les laisser plus près du terrain, c'était de les faire virer à droite et ensuite de les aligner sur n'importe quelle autre piste. Le tout, c'est de leur faire décrire un cercle et de maintenir une trajectoire constante pour leur éviter de voler dans le carburant largué. Parce que ça, ce n'est pas bon», explique le contrôleur. Un avion au début d'un vol long courrier a le réservoir rempli. Le poids est trop élevé pour atterrir en toute sécurité. Il faut donc en théorie larguer du carburant pour s'alléger. En pratique, il faut en avoir le temps. Et visiblement, le copilote a un doute sur ce point. «Je propose qu'on prenne au sud. On ne pourrait pas laisser tomber le largage et se poser ?», demande-t-il au commandant. «Non. On vidange notre carburant», répond le commandant. «Je leur ai donné le cap vers la baie de Sainte-Margarèthe pour qu'ils fassent demi-tour. Pour moi, cela prouvait aussi qu'ils ne se trouvaient pas dans une situation d'urgence puisqu'ils avaient le temps d'aller larguer leur carburant au-dessus de l'eau», indique encore le contrôleur. (A suivre...)