Décollage - Le 2 septembre 1998, à 22h 31, les habitants d'une paisible bourgade, non loin du centre de contrôle du trafic aérien dans la petite ville de Moncton au Canada entendent, au loin, une formidable explosion... Quelques minutes auparavant, à 11 000 mètres d'altitude, une fumée suspecte était apparue dans le poste de pilotage d'un avion de ligne assurant la liaison New York - Genève. C'est la fin de l'été en cette année 1998, à New York City. Comme tous les soirs, le vol Swissair 111 s'apprête à décoller de l'aéroport Kennedy à destination de Genève. C'est un vol prestigieux et confortable. Souvent utilisé par les représentants des grandes banques et des organisations internationales basées en Suisse. L'avion est un MD11. Un gros porteur fabriqué par McDonnell Douglas et qui depuis 1986, remplace les vieux DC 10. Le MD 11 équipe une bonne partie de la flotte Swissair, une des compagnies les plus sûres au monde. Swissair est réputée pour sa rigueur, le sérieux de sa maintenance et l'excellente compétence de ses équipages. «Check-list décollage», annonce le copilote. «Dégivrage moteur ?», demande le commandant. «Pas nécessaire», répond l'OLP. L'équipage est dirigé par le commandant Urs Zimmermann, 49 ans. Il est secondé par le copilote Stephane Loew, 37 ans. Le commandant est pilote instructeur chez Swissair. Et derrière son légendaire sourire se cache un homme méthodique et précis. A bord, outre les 14 membres d'équipage, le décompte final annonce 215 passagers embarqués. Parmi eux, quelques célébrités comme Jonathan Mann, le patron du programme mondial de lutte contre le sida et puis beaucoup d'anonymes. Comme cette jeune femme de 23 ans, Stéphanie Show, qui rentre chez ses parents à Genève. «Stéphanie possédait de nombreux atouts. Elle était très jolie. C'était une fille intelligente. Elle s'était rendue à New York parce qu'on lui avait proposé de devenir membre du forum économique mondial. Et elle voulait faire ce voyage avant de commencer à travailler. Elle était adorable, un véritable amour», raconte son père. Dans le poste de pilotage, l'équipage se prépare au décollage. «Swissair 11 autorisé décollage», dit le commandant à la tour de contrôle. Chez Swissair, plus qu'ailleurs, la sécurité est une véritable culture d'entreprise. Chaque geste et chaque action sont codifiés. On doit respecter une procédure précise. Le vol Swissair 111 prend son envol. Il s'éloigne vers le Nord-Est en direction de l'océan Atlantique. (A suivre...)