Authenticité - L'âme de la ville malienne de Tombouctou et son héritage patrimonial étaient restitués sur la scène de Tamanrasset à la faveur d'un concert animé hier par la diva Khaira Arby. Lors de cette soirée organisée par le quatrième Festival international, Tin Hinan-Abalessa, des arts de l'Ahaggar, musique, danse, poésie et instrumentation respiraient la culture de Tombouctou dans toute sa diversité et son authenticité. Ce spectacle qui a fait voyager le public du site de Tidessi (10 km de Tamanrasset), n'était pourtant pas programmé mais improvisé en une journée pour remplacer le chanteur de reggae jamaïquain, Max Roméo, qui a «annulé son spectacle à la dernière minute invoquant des raisons de sécurité», a-t-on appris auprès du comité d'organisation. Avec sa voix puissante et limpide et sa présence imposante sur scène, Khaira Arby a chanté – dans toutes les langues parlées dans sa ville – la beauté du désert, l'âme de Tombouctou tout en dénonçant les violences faites aux femmes et l'analphabétisme surtout chez les femmes, le tout avec des mélodies jazzy, voire rock parfois qui accompagnent les compositions de la diva au tindé, à la calebasse ou à la guitare artisanale. L'artiste qui représente à elle seule la source d'inspiration de beaucoup de musique malienne, a introduit dans son spectacle des touches de diwan ou d'autres musiques du Maghreb, sa ville étant un réceptacle de toutes les cultures qui y ont séjourné. Aujourd'hui «ville quasi fantomatique», Tombouctou, joyau culturel du nord du Mali commence à peine «à retrouver son calme après les troubles qui l'ont secouée récemment», a déclaré la chanteuse. Dans un registre complètement différent, le jeune groupe de reggae algérien «Democratoz» a, lui aussi, conquis le public de Tidessi, grand amateur de reggae, avec des textes engagés, inspirés du quotidien des membres de cette jeune formation oranaise, qui parlent de la condition de la jeunesse algérienne. Avec des rythmes et mélodies reggae bien élaborés, le groupe a offert un spectacle dans les normes de cette musique particulièrement appréciée en Algérie, mais qui manque beaucoup à la scène musicale actuelle. Même si ce jeune groupe a déjà pris part à de grandes manifestations à travers le monde et qu'il a atteint la maturité de préparer un album, les «Democratoz» ne se produisent «que rarement en Algérie, faute de scène d'accueil», comme l'a expliqué le leader du groupe. Ouverte mercredi, la quatrième édition du Festival international des arts de l'Ahaggar se poursuivra jusqu'à aujourd'hui, 18 novembre, avec une soirée de clôture animée par le «Super rail band de Bamako» et la diva du tindé Badi Lalla.