Mémoire - Il enseigne l'histoire de Warjlan (Ouargla), le site archéologique de Sedrata qui a été le carrefour majeur du commerce panafricain et le foyer de culture pour l'Ibadisme maghrébin jusqu'à sa destruction au VIIe / XIIIe siècle. Plusieurs fois fouillé au XIXe siècle, en particulier par l'archéologue suisse Marguerite Van Berchem, Sedrata (à 8 km au sud-ouest de la ville de Ouargla) , ce site a été au centre de discussions au Centre national de recherches en archéologie (Cnra) sis à Dar El-Hamra à Alger, au cours de la semaine écoulée. Et ce, lors d'un séminaire animé par les chercheurs français Cirylle Aillet (Maître de conférences en histoire des mondes musulmans médiévaux à l'université Lumière 2 de Lyon (France) et Patrice Cressier, chargé de recherche au Cnrs de Lyon (France). En marge de la rencontre, Patrice Cressier, archéologue médiéviste, spécialiste de l'islam de l'Occident (Al-Andalus, Maghreb, Sud Sahara) , nous a expliqué que Sedrata est le site médiéval de l'Algérie «qui a été le seul site fouillé depuis longtemps au XIXe siècle, bien avant la Kalaa des Beni Hamad. C'est l'un des sites majeurs pour l'histoire de l'Algérie. C'est un site qui est relativement bien conservé. Il est encore à l'abri des agressions». Le chercheur attire l'attention sur des agressions en question. «La ville de Ouargla est en train de croître de façon exponentielle avec le boom économique. Mais ce site reste extrêmement menacé même s'il est encore l'un des mieux préservés en Algérie pour l'instant» et d'ajouter : «C'est une réserve archéologique extraordinaire pour comprendre un moment important de l'histoire de l'Algérie du bas Moyen Age jusqu'au milieu du Moyen Age, une époque assez mal connue pour les régions sahariennes.» Patrice Cressier a dirigé plusieurs programmes de recherches .Il a plusieurs ouvrages dont la publication collective en cours ‘De Sedrata : histoire et archéologie d'un carrefour du Sahara médiéval'(avec C. Aillet et S. Gillote). Au cours du séminaire, il a été abordé le problème des études archéologiques anciennes pratiquées sur Sedrata qui remontent à la fin du XIXe siècle avec plusieurs explorateurs comme Paul Blanchet et d'autres «sachant que les seules vraies fouilles archéologiques ont été celles de Paul Blanchet. Mais ses mémoires d'études ont disparu car ils n'ont pas été conservés par l'Académie française. Ensuite les fouilles de Faucher au XIXe siècle, menées dans les années 40. Suivi par l'archéologue suisse Van Derchem qui s'était passionnée pour l'histoire de Sedrata à partir du 1er contact qu'elle a eu sur les stucs au Musée d'Alger». Ainsi donc, et à partir de documents anciens qu'elle a réunis et du plan inédit qu'elle a fait elle-même dans les années 50 sur la base de photographies aériennes verticales, cette archéologue avait dans l'idée de publier un livre mémoire sur le problème de Sedrata. Un projet qui n'a jamais vu le jour. «Nous avons d'abord repris l'étude textuelle pour la publication du mémoire inédit et dans l'idée de poser des jalons pour une éventuelle future intervention archéologique sur le site de Sedrata», nous dit Patrice Cressier.