Mobilisation - Par cet appel, des dirigeants locaux veulent dénoncer les violences, après des heurts meurtriers qui se sont produits la veille entre l'armée et un groupe salafiste. Le Conseil local de Benghazi (mairie) a appelé dans un communiqué à la «désobéissance civile» durant trois jours à compter d'aujourd'hui, mardi, en observant notamment des grèves. Un deuil, pour la même période, a été décrété. Dans son communiqué, le Conseil a demandé «aux membres du Congrès général national (CGN) issus de Benghazi de rentrer immédiatement», en signe de protestation contre les heurts de la veille. Des affrontements violents ont opposé durant la journée d'hier, lundi, durant plusieurs heures les forces spéciales de l'armée régulière et Ansar Ashariaâ, un groupe salafiste jihadiste, faisant neuf morts et une cinquantaine de blessés, selon un dernier bilan du ministère de la Santé. Le calme régnait ce matin à Benghazi où l'armée s'est massivement déployée durant la dernière nuit notamment aux principaux carrefours de la ville. Les affrontements d'hier ont éclaté quand une patrouille des forces spéciales a été attaquée à proximité du quartier général d'Ansar Ashariaâ. L'armée avait riposté, déclenchant des affrontements avec tous les types d'armes. D'autres heurts ont opposé par la suite les deux camps dans d'autres quartiers de la ville, en particulier près d'une clinique caritative appartenant à Ansar Ashariaâ dans le quartier al-Selmani. Les autorités libyennes tentent de calmer la situation. Dans ce cadre le Premier ministre, Ali Zeidan, s'est rendu hier soir, à Benghazi pour s'entretenir avec les responsables de sécurité de la ville. Le ministre de la Défense, Abdallah al-Teni, a indiqué par ailleurs que ses services étaient en contact avec Ansar Ashariaâ qui réclame un corridor sécurisé pour se retirer de la ville avec son armement. Mais les commandants des différentes unités de l'armée dans la ville se sont dit prêts à les laisser partir, mais sans leurs armes lourdes, selon le ministre cité par une source du Congrès général national (CGN). Composé d'anciens rebelles ayant combattu les forces loyalistes en 2011, Ansar Ashariaâ («les partisans de la loi islamique», en arabe) a été créé après la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Ce groupe salafiste est soupçonné d'avoir attaqué des juges et des membres des forces de l'ordre et d'avoir perpétré l'attaque contre le consulat des Etats-Unis à Benghazi, qui avait coûté la vie à quatre Américains, dont l'ambassadeur, en septembre 2012. Ansar Ashariaâ a toutefois démenti toute implication. Il y a lieu de rappeler que cette organisation prône la charia comme seule et unique source de législation en Libye et exige que la justice applique immédiatement la loi islamique. Profitant du vide sécuritaire, Ansar Ashariaâ fait la loi, en particulier dans l'est du pays.