Des dirigeants de la ville de Benghazi, dans l'Est libyen, ont appelé mardi les habitants à la désobéissance civile pour dénoncer les violences, après des heurts meurtriers la veille entre l'armée et le groupe salafiste jihadiste Ansar Asshariaa. Le Conseil local de Benghazi (mairie) a appelé dans un communiqué à la "désobéissance civile" durant trois jours à compter de mardi, en observant notamment des grèves, et décrété un deuil pour la même période. Le Conseil a également demandé "aux membres du Congrès général national (CGN, Parlement) issus de Benghazi de rentrer immédiatement", en signe de protestation contre les heurts. De violents affrontements ont opposé lundi durant plusieurs heures les forces spéciales de l'armée régulière et Ansar Ashariaa, faisant sept morts et une cinquantaine de blessés, selon un dernier bilan du ministère de la Santé. Le calme régnait mardi matin à Benghazi où l'armée s'est massivement déployée dans la nuit notamment aux principaux carrefours, selon les médias. Les autorités libyennes tentent d'apaiser la situation et le Premier ministre Ali Zeidan s'est rendu lundi soir à Benghazi pour s'entretenir avec les responsables de la sécurité de la ville. Signe du ras-le-bol des citoyens libyens contre les groupes armés, le QG d'Ansar Ashariaa à Ajdabiya (160 km au sud de Benghazi) a été pris d'assaut lundi soir par des habitants, obligeant ses occupants à quitter les lieux, remis ensuite à une unité de l'armée, selon une source locale. A Benghazi, les autorités locales et les habitants ont décidé de suivre l'exemple de la capitale Tripoli, où les milices ont été poussées à partir par un mouvement de grogne populaire, après des heurts déclenchés par des tirs d'une milice contre des manifestants pacifiques, qui avaient fait 46 morts et plus de 500 blessés le 15 novembre. Tout comme le Conseil local, l'Union des organisations de la société civile de Benghazi a appelé "la désobéissance civile" qui s'entend en Libye comme une grève générale.