Résumé de la 13e partie - La première des salons de réception entra pour annoncer à Mme Royer que la cliente qui vient d'entrer n'est autre que Chantal... Elle est d'une rare élégance, avec un manteau de vison foncé splendide et un collier de perles splendide. Elle a demandé à voir la collection. Que faut-il faire ? — La lui présenter, répondit aimablement la directrice. Peut-être sera-t-elle une cliente très intéressante ? Rappelez-vous qu'une seule chose compte : les affaires. Mme Royer descendit dans le salon où Chantal était assise à quelques mètres de Mme Berthon, qui, après l'avoir dévisagée avec son face-à-main, demanda à la première : — N'est-ce pas votre ancien mannequin ? — Oui. — Je la trouve bien élégante ! — Il faut croire qu'elle a fait un héritage. — Ou rencontré un monsieur qui s'intéresse à elle ! répondit sèchement Mme Berthon. Je n'aime pas beaucoup me trouver chez vous, dans le même salon que ce genre de personnes ! — Que voulez-vous, chère Madame, lui répliqua en souriant la première, c'est un signe des temps ! Nous congédions une employée elle nous revient deux mois plus tard dans le camp opposé : celui des clientes... Elle se dirigea vers Chantal et lui dit, aimable : — Quelle heureuse surprise, Mademoiselle ! C'est gentil d'être venue nous rendre visite. Vous avez demandé à voir la collection ? Elle va passer dans quelques instants pour vous et pour Mme Berthon... Votre manteau est très beau je vous félicite. Heureuse ? — Oui. — Bravo. C'est l'essentiel. Le défilé des mannequins commençait. Toutes, à la vue de Chantal, avaient un moment d'hésitation, mais la voix de la première était là, impérative : — Allons, Mesdemoiselles, pressons-nous ! Les noms. des robes sortaient selon le rite immuable : Fantaisie... Accord parfait... Prélude... — Madame Jeanne, demanda la femme de l'agent de change, réservez-moi Accord parfait et Prélude... — Pour moi aussi ! surenchérit la voix de Chantal. Le face-à-main de la grosse femme se tourna, furieux, vers «cette nouvelle riche de la dernière heure». Chantal ne s'en préoccupait même pas et fumait béatement une cigarette blonde. Elle était bien décidée à choisir systématiquement tous les modèles qui plaisaient à Mme Berthon. Puisqu'on l'avait traitée autrefois de voleuse, on verrait maintenant comment elle volait les objets de luxe aux autres, à coup d'argent. Le mot «amant» ne lui venait jamais à l'esprit quand il s'agissait de l'agent de change ; le bonhomme chauve était tout, sauf un amant. (A suivre...)