Résumé de la 11e partie - M. Berthon accepte toutes les conditions posées par Chantal... M Berthon avait été ébloui par de telles exigences. «Plus les hommes vous donnent de l'argent, plus ils vous respectent», avait déclaré à Chantal l'une de ses voisines de palier, à l'hôtel de la rue Victor-Massé. La semaine se déroula avec une rapidité déconcertante pour la jeune femme qui occupa tout le temps qu'elle ne passait pas chez «Marcelle et Arnaud» à faire des achats. M. Berthon avait tenu scrupuleusement ses promesses, si bien même que Chantal en arrivait presque à appréhender le jour où il faudrait qu'elle tînt les siennes ! On ne se doutait de rien à la maison de couture. L'agent de change offrait le double avantage d'être marié depuis trente années avec une femme redoutable, dont il craignait autant le caractère que le face-à-main, et d'être très absorbé par sa charge. Ce qui pouvait laisser espérer à Chantal que, toutes choses étant réglées, elle le verrait au pire une ou deux fois par semaine, Vraiment, elle ne pouvait souhaiter mieux. Le vendredi, jour du départ, arriva enfin. Une dernière fois Chantal fut tour à tour Nostalgie et Feuilles mortes. Comme elle revenait de la caisse, elle se heurta dans l'escalier en colimaçon à Mme Royer qui lui demanda : — Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ? — Vous le verrez dans quelques jours, lui répondit Chantal, Je vous demande simplement, à l'avenir, comme je ne fais plus partie de votre maison, de ne plus me tutoyer s'il nous arrivait de nous rencontrer. Elle retrouva dans la cabine Lulu, Mado, Ninette qui avaient éprouvé le besoin de l'attendre pour lui faire leurs adieux avec des mines de circonstance. — Pourquoi faites-vous ces têtes- là ? leur dit joyeusement Chantal. On croirait vraiment que c'est vous qui partez ! Venez. Je viens de toucher un mois supplémentaire, le mois de préavis ; aussi je vous offre à toutes un cocktail au «Forum». — Chantal, je t'assure... — Tu as besoin de ton argent... — Mon argent ? Vous allez voir ce que je vais en faire ! Ce ne fut pas un cocktail qu'elle offrit à ses camarades, mais quatre à chacune. En sortant du bar, elles étaient toutes ivres, sauf Chantal qui n'avait absorbé que des jus de fruits. Elle avait besoin de conserver ses idées claires, pour réfléchir une dernière fois, allongée sur le cosy-corner de la rue Victor-Massé. Quand elle arriva à son hôtel, le portier lui dit d'un ton admiratif : — Oh ! Mademoiselle... On a bien livré quarante paquets pour vous dans la journée ! Ce sont des robes, des cartons à chapeaux... Il y a même une grande corbeille d'hortensias. J'ai tout monté dans votre chambre. (A suivre...)