Aveu «J?ai mal lorsque je tiens un livre, je le feuillette sans jamais en savoir le contenu.» «Ne décline pas ma véritable identité et ne publie pas ma photo dans le journal. Si mes cousines et mes voisines savaient que je suis des cours d?alphabétisation, elles se moqueraient de moi, je deviendrais la risée de la famille. J?ai dû mentir et dire que je suis des cours de couture», raconte Nadia. A trente ans, elle garde un visage d?enfant. Des cheveux courts et un visage poupin. Toutes les portes du travail lui ont été fermées au nez, car elle n?a aucun niveau d?instruction. «J?ai quitté l?école en deuxième année primaire, je détestais les études. Mais aujourd?hui, je le regrette, car là où je vais, on me dit qu?il est impératif d?avoir le baccalauréat.» Ainsi, Nadia a décidé de suivre ces cours, surtout que l?homme qu?elle aimait plus que tout l?a abandonnée. «Lorsqu?il m?avait remis sa carte de visite, je n?ai pas su la lire. Il a aussi constaté que je ne savais pas lire les plaques.» Elle avoue qu?apprendre l?a énormément aidée. «Il faut avoir un minimum de savoir, nous avons besoin de cela partout : à la mairie, à la poste,? Lorsque je vois mes s?urs plus jeunes que moi tenir un livre et lire, j?ai mal. Moi, je tiens souvent les cahiers en les feuilletant, sans jamais en savoir le contenu.»