Le Pakistan, l'Iran et l'Algérie ont animé, hier, à la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El-Feth à Alger, l'avant-dernier soir du 8e Festival international des musiques andalouse et ancienne. «The Sabri Brothers» du Pakistan, dirigé par le chanteur Amjad Farid Sabri, a été le premier à se présenter pendant près d'une heure, devant un public averti et déjà conquis, avec un programme exclusivement spirituel, dans le genre «qawwali», exprimant une dévotion islamique soufie transmise à travers les générations. Assis à même le sol, les huit membres accompagnant le chanteur, tout de noir vêtus, étaient répartis entre vocalistes et instrumentistes, jouant de l'harmonium pakistanais pour les mélodies, et des percussions de la tabla et du dholk (percussion en pièce unique, dont la forme est entre le bongo et la conga, avec une peau à chacune de ses deux extrémités) pour les rythmes. ‘Qawl, Ya Mohamed Noore Mujsem, Ya Mustafa et Lal Meri Pat', sont les quatre pièces interprétées dans des gammes pentatoniques et des rythmes binaires à plusieurs mouvements, alternés par les appels - pour assurer les transitions - d'Amjad Farid Sabri, ténor à la voix très présente, dotée de puissance et d'un vibrato remarquable, qui a hérité son métier d'artiste de son père, le célèbre Ghulam Farid Sabri. La 2e partie de la soirée a permis à l'assistance d'apprécier quelques figures de la musique persane, avec l'Ensemble «Tarab» d'Iran, sous la direction de Hassan Tabar, musicologue et docteur en ethnomusicologie, interprétant deux pièces avec des sonorités aiguës et cuivrées. Dans des suites à motifs mélodiques, dans l'ordre des «taqassims», permettant l'approche d'un mode et offrant à chaque instrument ses propres variations, le «radif», héritage musical iranien, inscrit en 2009 par l'Unesco sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, était mis à l'honneur, avec le soutien d'un rythme, savamment joué en sourdine. Les cinq musiciens, assis eux aussi, jouant du barbat (luth à 13 cordes), du santur (instrument de percussion mélodique), du tar (luth à 6 cordes), du kamancheh (violon avec une petite caisse en forme de boule), du tombak, du daf et du doyreh (instruments de percussion), ont fait montre d'un aspect de la richesse patrimoniale persane. Un hommage a ensuite été rendu à Kaddour Darsouni, grand maître du malouf constantinois, qui a donné toute sa vie à ce genre de musique, contribuant activement à la formation de trois générations de musiciens dont Abbas Righi, un des participants à ce festival, qui a témoigné des qualités humaines de son maître et de sa rigueur pour l'apprentissage et la formation. L'ensemble régional de Constantine, dirigé par Samir Boukredera, est ensuite intervenu pour clore la soirée, interprétant ‘Noubet Dil - Malouf', dans la variation de ses mélodies et ses mouvements rythmiques, exécutée par une vingtaine de musiciens, dont une femme.