‘Rana Djinek', présentée jeudi, au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, prône la satire et la dérision pour dénoncer les dysfonctionnements administratifs et les manquements au devoir de servir la communauté, dus à l'absence totale d'un quelconque mécanisme de contrôle.Mis en scène et adapté par Brahim Chergui ‘Outlett de sid el-wali'(Les vacances du wali) d'Abdellah Khemmar, le spectacle met l'accent sur la nécessité pour un élu du peuple de s'entourer de collaborateurs compétents et intègres pour la bonne gestion des affaires des citoyens. ‘Rana Djinek' raconte dans un spectacle plein, l'histoire d'un wali trompé par ses collaborateurs qui lui faisaient croire, à travers des rapports erronés, que la ville qu'il administrait prospérait sur tous les plans et que ses contribuables appréciaient son action. Ignorant l'ordre établi, une nouvelle secrétaire va faire découvrir le pot aux roses au wali qui décide alors de mener discrètement sa propre enquête, faisant croire à ses conseillers faussaires qu'il partait en vacances alors qu'il était resté pour les épier et scruter leurs moindres gestes.Le metteur en scène, présentant le wali dans un caractère de paysan autochtone, à travers une diction bédouine appréciable, a voulu rendre hommage au regretté Hassen El-Hassani dans le célèbre personnage de Boubagra, lançant de temps à autre son fameux «hayla, hayla, hayla».La nécessité de respecter les droits du contribuable au logement, à l'emploi et à une vie digne et décente a constitué le contenu de la tirade de la fin, déclamée d'abord en arabe dialectal, puis fragmentée en quatre parties rendues en m'zab, chaoui, tergui et kabyle.Le spectacle, nourri par des figures burlesques, a évolué dans un rythme ascendant, entretenant une trame cohérente et régulière, avec une succession d'événements dans lesquels les faux collaborateurs agissaient en toute impunité et à l'abri de tout contrôle. La corruption, l'abus de pouvoir et le clientélisme sont passés en revue ponctuant les passages pertinents de la pièce par des reprises en chœur, sur les mélodies d'Aïssa El-Djermouni, Ahmed Wahbi, Idir, Cheb Khaled et l'Orchestre national de Barbès (ONB), une manière pour le metteur en scène de rendre hommage à tous ces grands noms qui ont marqué la culture algérienne à différentes époques.