La générale de la dernière production du Théâtre national algérien (TNA) Mahieddine-Bachtarzi, Rana Djinak a été présentée jeudi dernier dans l'enceinte de cet établissement. Mise en scène par Ibrahim Chergui, la pièce est une adaptation libre de Ôtlalt sidi el wali (le congé de monsieur le wali) d'Abdallah Khemmar. Tout en dérision, ce spectacle satyrique raconte l'histoire d'un responsable local trompé par ses collaborateurs qui lui font croire que tout va bien. Ibrahim Chergui, qui a endossé le personnage du wali, a fait un clin d'œil au personnage du regretté Hassan El Hassani dans son rôle mythique de Boubagra et cela en empruntant quelques-unes de ses répliques. Représenté comme un bédouin naïf, le wali est aveuglé par ses conseillers et proches qui lui jettent des fleurs sans cesse, tout en le tenant loin de la triste réalité que vivent et endurent les citoyens. Mais c'est une nouvelle secrétaire qui fera éclater la vérité en dévoilant au wali la tromperie dont il est victime. Prétendant être en vacances à l'étranger, le wali entamera en secret sa propre enquête. Il se retrouvera par la suite face à un véritable dilemme : qui croire ? Ses proches collaborateurs ou bien la nouvelle recrue issue d'un quartier pauvre. Evoquant de nombreux sujets d'actualité, dont la corruption au sein des institutions publiques, la problématique du chômage et la crise du logement, ce spectacle a voulu traduire sur les planches la pensée profonde de nombreux Algériens. Interprétée en arabe dialectal, la pièce reflète aussi la diversité linguistique de l'Algérie avec des passages en m'zab, kabyle, tamasheq et chaoui. Plein de couleurs, le spectacle qui s'inscrit dans le genre burlesque, intègre aussi une succession de tableaux chorégraphiques, un peu trop même. Il aurait été préférable de focaliser l'énergie des comédiens sur l'expression corporelle. On relèvera aussi l'utilisation excessive de musique, ce qui a desservi la pièce. Cependant, malgré quelques lacunes qui peuvent être corrigées, certains comédiens ont réussi à donner de la crédibilité à leurs personnages, à l'image de Fouad Zahed et Sally. Le public venu assez nombreux a bien reçu cette pièce à la fois légère et actuelle.