Guerre - Les combats ont été intenses hier, à Bor, que les forces du président Salva Kiir essayaient de reprendre. Cette ville stratégique est tombée aux mains des rebelles mardi dernier. Depuis, ceux-ci disaient marcher sur la capitale, Juba. Mais ils auraient été stoppés jeudi par les forces gouvernementales qui, hier, ont pris le dessus. Face à cette situation, la mission des Nations unies au Soudan du Sud, la Minuss, s'inquiète. Car sa base à Bor abrite quelques 10 000 personnes qui ont fui les combats et qu'il faut nourrir. Alors que les combats s'intensifient sur le terrain, sur le front diplomatique, des discussions ont eu lieu hier, vendredi, dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, entre la délégation du président Salva Kiir et celle du chef rebelle Riek Machar et les représentants de l'Igad, qui regroupe les pays de l'Afrique de l'Est et de la Corne de l'Afrique. Des discussions des plus informelles, dans les couloirs et autour d'une table. Pour l'instant, donc, pas de face-à-face officiel. Des membres de la communauté internationale, inquiets de la situation au Soudan du Sud, continuent d'arriver à Addis-Abeba, même si c'est l'Igad qui chapeaute les négociations. Des spécialistes du Soudan estiment que les délégations devraient trouver rapidement un accord sur un cessez-le-feu, au risque de voir le conflit s'aggraver : «Je crois qu'il faut obtenir un cessez-le-feu, pour des raisons humanitaires bien entendu, mais aussi pour éviter que la contagion ne gagne et que des acteurs extérieurs commencent à approvisionner en armes des seigneurs de la guerre, comme on en a vu dans le passé, qui ont des velléités de monter en puissance et de vouloir, eux aussi, avoir accès à la manne pétrolière et, de manière plus générale, au pouvoir d'Etat.» D'après un spécialiste, si les deux parties ne parvenaient pas à trouver un accord de cessez-le-feu, leurs forces sur le terrain pourraient donc rapidement devenir incontrôlables, et le conflit pourrait déstabiliser toute la région. Pour parvenir à mettre fin à des hostilités qui déchirent le Soudan du Sud depuis trois semaines, des pourparlers officiels sur un cessez-le-feu pourraient commencer ce samedi. «Nous avons achevé la première série de discussions par émissaires interposés avec les deux équipes de négociateurs du Soudan du Sud», celles du président Salva Kiir et des rebelles dirigés par son ex-vice président Riek Machar, a annoncé hier soir le ministre éthiopien des Affaires étrangères Tedros Adhanom. «Nous passerons demain (samedi) aux pourparlers directs», a-t-il dit ajouté. Devant la détérioration de la situation, les Nations unies appelaient à épargner les civils. Les deux parties qui séjournent dans un même hôtel ont rencontré des représentants des pays de la région. Le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères, Dina Mufti, a assuré que l'Igad, l'Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l'Est qui chapeaute les discussions, y apportait son soutien «de toutes les manières possibles». Les pourparlers doivent d'abord examiner l'instauration d'un cessez-le-feu puis une solution des différends politiques. «Nous participons aux discussions parce que nous voulons la paix pour notre peuple même si les groupes rebelles n'ont pas accepté une cessation des hostilités», a dit le gouvernement du Soudan Sud, avant-hier soir.