Roman - Une rencontre-débat a eu lieu à la librairie internationale Chihab à Bab El-Oued, avec Mohamed Magani autour de son dernier roman La rue des perplexes ou Zenkat el Hayrine. Une œuvre attachante ainsi qu'une nouvelle approche de l'écriture littéraire puisque l'héroïne de l'œuvre n'est autre qu'un animal errant : une chienne. Marginale, chienne perdue sans collier, elle trouve refuge «dans la cité des enseignants» des pédagogues tout autant exclus qu'elle. Un îlot d'immeubles «déclassés» habités par des enseignants intègres mais «ignorés par les autorités». Une histoire vraie, des lieux véridiques et une ville de la wilaya de Chlef. La cité des enseignants est le parent pauvre de l'espace urbanistique wilayal. «Elle ne jouit pas de privilèges, elle est abandonnée autant que ses locataires» seulement la cité possède un petit trésor «ses espaces verts». Un souffle bénéfique de verdure et de vie que ces derniers s'emploient à défendre coûte que coûte, pour les protéger d'une disparition totale. Les espaces verts devenus ligne de mire des élus locaux et autres administrateurs qui voudraient les convertir en locaux commerciaux. La chienne sera en tête des résistants pour défendre «sa cité». Mohamed Magani, avec ses paroles de sagesse, a non pas mis en scène ce qui prêterait à croire à une fiction, mais fait entrer dans la postérité une infime partie de Chlef, la chienne (inscrite depuis dans les annales de la ville), La rue des perplexes et La cité des enseignants. A ce sujet l'écrivain explique ainsi ce livre dont l'histoire se déroule au cours d'une seule journée : «C'est un tissage d'amitié entre un être humain, un animal et les habitants de la cité.» Parlant de la rue qui a donné son nom au titre de l'œuvre, Magani explique que l'artère a depuis toujours suscité le mystère sans pour autant que les citoyens en viennent à élucider l'énigme de sa dénomination. Nombre d'explications ont été avancées sans pour autant que l'une d'elles soit plausible. Là, est le secret au demeurant appelé à rester entier. Mahiou, Lezreg le pote attentif, le frère de Mahiou fugueur impénitent, parti bourlinguer à travers le monde, une communauté de pédagogues sincère et honnête qui a tout donné au système éducatif sans avoir rien reçu en échange que l'amitié d'une bête et la sauvegarde de leur coin, de leur carré de verdure. Voilà un roman humain qui sort de l'ordinaire. Mahiou et son animal venu combler son vide affectif par sa présence. Ils se parlent et se comprennent. A tel point que l'enseignement de l'animal se révèle fructueux d'enseignements. Huitième roman de Mohamed Magani, La rue des perplexes est également une quête fondamentale de la préservation de l'environnement, une prise de position écologique que l'auteur revendique. Un moment enrichissant au cours duquel Mohamed Magani nous parle.