Résumé de la 11e partie Paulin, puis Mathurin, quelques heures plus tard, furent déférés au parquet, où bientôt débuta l'instruction. C'est le juge Philippe Jeannin qui fut chargé d'instruire l'affaire. Il inculpa Paulin pour «assassinats et vols aggravés». Bien que le jeune homme ait reconnu avoir perpétré plus d'une vingtaine d'assassinats, le magistrat commença par n'en retenir que 18 contre lui, et demanda un complément d'informations à propos de trois autres crimes qui demeuraient obscurs. En effet, le mode opératoire de l'assassin différait dans trois cas : des armes blanches avaient été utilisées. Les 18 assassinats retenus contre Paulin furent ceux où les victimes avaient été étouffées ou étranglées. L'instruction de ce dossier retint toute l'attention de l'opinion publique. Le juge Jeannin étudia dans les moindres détails les vies passées de Paulin et de son acolyte. Confrontés l'un à l'autre, les deux hommes refusèrent de se parler. Pour ne pas avoir à prononcer le nom de Paulin, Mathurin ne se référa à son ancien ami qu'en l'appelant «l'autre». Paulin, plutôt calme et souriant, tenta de faire endosser à Mathurin la plus grande part de responsabilité. Paulin fut incarcéré à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Il fut isolé au quatrième étage d'un bâtiment récent où étaient enfermés les prisonniers que l'on souhaitait maintenir à l'écart des autres détenus. En prison, Paulin ne pensa qu'à soigner son image, inconscient de la gravité des actes qui lui étaient reprochés. Comme par le passé, il cultiva savamment sa tenue vestimentaire. On lui avait coupé les cheveux et ôté sa boucle d'oreille, mais il avait pu conserver deux sacs de vêtements contenant plusieurs pantalons, un costume coupé comme un smoking, des chemises blanches et des n?uds papillons. Soucieux de les maintenir en bon état, il demanda même à sa mère de laver son linge pour lui. Quelques mois plus tard, Paulin fut atteint de dépression. Ce fut, du moins, le premier diagnostic. En fait, il s'avéra rapidement que Paulin était atteint du sida et que les premiers effets de la terrible maladie commençaient à se faire sentir. Homosexuel confirmé et toxicomane occasionnel, Paulin ne pouvait pas ignorer qu'il menait une existence «à risque». Son état empira brutalement un an après son arrestation. Peu après, le 10 mars 1989, Paulin fut amené d'urgence à l'Hôtel-Dieu, dans la salle Cusco. Bientôt, il sombra dans le coma. Il fut transféré à l'hôpital Claude-Bernard de Paris. Soigné à l'aide d'antibiotiques, il lutta contre une tuberculose et une méningite, conséquences de son affaiblissement immunitaire. Thierry Paulin mourut du sida dans la nuit de dimanche à lundi 16 avril 1989, à l'hôpital des prisons de Fresnes, où il avait finalement été transporté. Il était âgé de 26 ans. Jean-Thierry Mathurin, lui, a été jugé en 1991, et a été reconnu coupable de neuf des meurtres de vieilles dames. Il a été condamné à la prison à perpétuité.