Résumé de la 10e partie Paulin s'exhiba au New Copa, grande boîte africaine fréquentée par des diplomates noirs en poste à Paris. Il ignorait encore que cette nuit-là était la dernière qu'il passait en liberté. La ressemblance des derniers crimes avec les meurtres précédents n'avait pas échappé aux policiers. Sans attendre de comparer d'éventuelles empreintes digitales, le Quai des Orfèvres réagit en mobilisant tous les commissariats de quartier. La brigade criminelle disposait, en effet, d'un atout de taille : madame Finaltéri avait survécu. Elle fournit, une fois rétablie, une excellente description de son agresseur : un grand garçon de 1,80 m, métis, les cheveux décolorés et portant une boucle d'oreille. Ce genre de physique ne courait pas les rues ! Le portrait-robot, établi d'après ces renseignements, fut immédiatement distribué dans tous les commissariats de Paris. Le mardi 1er décembre 1987, à une dizaine de mètres du commissariat de la porte Saint-Denis, dans le Xe arrondissement, le commissaire Jacob discutait avec quelques commerçants du quartier dans la rue, le portrait-robot du tueur en poche. Il était en pleine conversation quand son regard croisa celui d'un passant, un métis à l'allure sportive et aux cheveux décolorés. Se fiant à son instinct autant qu'à son expérience, il alla demander ses papiers d'identité au jeune homme. C'était Thierry Paulin. Il espéra sans doute s'en sortir une nouvelle fois, mais la photo de la carte d'identité qu'il présenta ne correspondait pas à sa physionomie actuelle et éveilla les soupçons du commissaire. Emmené dans les locaux du commissariat de la porte Saint-Denis pour une vérification de «routine», Thierry Paulin n'opposa pas de résistance. Persuadé qu'il était suspecté de se droguer, il montra ses bras, sur lesquels il n'y avait effectivement pas de traces de piqûres, et exigea de parler à son avocat. De son côté, le commissaire Jacob découvrit que son suspect avait déjà été arrêté pour infraction sur les stupéfiants. Il téléphona alors au chef de la brigade de répression du banditisme, et au chef de la brigade criminelle, chargé du dossier du «tueur». Les policiers de la BRB emmenèrent Paulin jusqu'aux locaux de l'Identité judiciaire pour vérifier ses empreintes digitales et les comparer avec celles du meurtrier des vieilles dames. Rapidement, la responsabilité de Paulin, en ce qui concernait une partie au moins des meurtres, ne sembla plus faire de doute pour la police. Commencèrent alors les 48 heures de garde à vue à la brigade criminelle, au Quai des Orfèvres. Pendant 43 heures, Paulin fut questionné sans relâche. Il avoua rapidement plus d'une vingtaine de meurtres aux dix policiers de la BRB et de la brigade criminelle auxquels il devait faire face. Paulin raconta pêle-mêle les premiers crimes et tous ceux qui suivirent, confondant parfois les dates les noms des victimes. Aucun remords, aucun trouble ne sembla l'effleurer, il était apparemment incapable de mesurer la terrible gravité des crimes qui lui étaient reprochés, comme s'il considérait qu'une vie humaine ne pesait ni plus ni moins que celle d'un insecte. Il n'hésita pas à expliquer en détail aux policiers la façon dont il opérait, repérant les vieilles dames au marché ou dans la rue, les suivant jusque chez elles, tentant parfois d'engager la conversation pour ne pas éveiller leur méfiance. Très vite, Paulin dénonça Jean-Thierry Maturin comme étant son complice et donna son adresse. Celui-ci fut immédiatement arrêté, dans le XIVe, au domicile d'un travesti rencontré alors qu'il travaillait au Paradis Latin. Mathurin avoua sans trop de difficulté avoir participé aux meurtres du XVIIIe arrondissement. Paulin puis Mathurin, quelques heures plus tard, furent déférés au parquet, où bientôt commença l'instruction. (à suivre...)