Bilan - Au moins trois personnes ont trouvé la mort, en Egypte, à la veille de l'annonce des résultats officiels d'un référendum sur une nouvelle constitution. Ces personnes sont mortes, dans des heurts entre policiers et islamistes. Un homme de 23 ans a été tué à Fayyoum, à 100 km au sud du Caire, et deux autres dans la capitale, selon le ministère de la Santé. A Alf Maskan, au Caire, des manifestants ont tiré des feux d'artifice sur la police qui, après avoir entendu des tirs d'armes automatiques, s'est repliée. Un policier a tiré au fusil d'assaut en direction des protestataires. Ces accrochages interviennent après la tenue, mardi et mercredi, d'un référendum pour une nouvelle constitution, première étape de la «transition démocratique» promise par l'armée qui doit se poursuivre avec des législatives et une présidentielle. Les affrontements se sont produits dans plusieurs villes, en marge de manifestations islamistes organisées à l'appel de l'Alliance contre le coup d'Etat, une coalition pro-Morsi chapeautée par les Frères musulmans. Dans la même journée d'hier, des insurgés ont fait exploser un gazoduc alimentant une zone industrielle dans la péninsule égyptienne du Sinaï, sans faire de blessé, selon des responsables de sécurité. Le ministère de l'Intérieur a indiqué, hier soir, que 123 personnes avaient été interpellées au Caire et dans les autres villes du pays lors des heurts ayant accompagné le déroulement du référendum. L'annonce des résultats de ce dernier est prévue aujourd'hui en fin de journée. La victoire du «oui» -avec 98% des voix selon le quotidien gouvernemental Al-Ahram- ne faisait aucun doute avant même la tenue du référendum. Pendant les deux jours du scrutin, dix personnes ont péri en marge de ces défilés. Les pro-Morsi peinent cependant à mobiliser massivement. C'est donc la participation qui est scrutée à la loupe, d'autant qu'un proche du très populaire chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, véritable homme fort du pays, a laissé entendre qu'elle servirait d'«indicateur» à ce dernier à l'approche de la présidentielle. Trois jours avant le référendum sur cette nouvelle constitution, le général Sissi, également ministre de la Défense et vice-Premier ministre, a déclaré qu'il se porterait candidat à la présidentielle si le peuple «le réclam(ait)» et si l'armée l'appuyait. Le 3 juillet dernier, il avait lui-même annoncé l'éviction de M. Morsi, assurant répondre au souhait de millions de manifestants ayant réclamé le 30 juin le départ du chef d'Etat. C'est sur cet épisode que les autorités attendaient les électeurs. Le scrutin était «aussi un référendum sur le 30 juin», a expliqué à Hani Salah, porte-parole du gouvernement intérimaire. Les autorités misent sur un taux de participation supérieur aux 32,9% enregistrés lors du référendum constitutionnel de 2012. Le porte-parole de la Haute commission électorale a, pour sa part, assuré que la participation comme le score du «oui» étaient «plus élevés qu'en 2012». Selon l'agence Mena, elle a été de 39% dans 20 des 27 provinces. A l'approche du troisième anniversaire de la révolte lancée le 25 janvier 2011 et ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir, la journée de commémoration s'annonce sous haute tension.