Malgré les rares violences ayant marqué son déroulement, ce référendum constitue un vote populaire de confiance, qui permettrait au général al-Sissi de se présenter à la présidentielle d'ici six mois. C'est un plébiscite avant la présidentielle dont a besoin le chef de l'armée égyptienne. La très grande majorité de la population égyptienne n'a d'yeux que pour le général-Sissi. Les Egyptiens se sont rendus massivement aux urnes pour voter la nouvelle constitution voulue par le chef de l'armée, le général Abdelfattah al-Sissi. Le vice-Premier ministre, ministre de la Défense et véritable homme fort du plus peuplé des pays arabes, avait appelé en début de semaine les 53 millions d'électeurs à se rendre "massivement" aux urnes et à voter "oui", avant d'ajouter qu'il se présenterait à la présidentielle prévue en 2014 si le "peuple le réclame" et si l'armée soutient sa candidature. Pour l'armée, pas de doute, elle a resserré ses rangs derrière son chef lorsque celui-ci a choisi d'exclure les islamistes du pouvoir en juillet 2013. Restait la démonstration des électeurs. Ils se sont massés deux journées durant, lundi et mardi, dans les bureaux de vote gardés par des policiers et des soldats lourdement armés, brandissaient des drapeaux égyptiens, des portraits d'al-Sissi et de Jamel Abdel Nasser, le père du système politique égyptien contemporain fondé sur le pouvoir de l'armée, et hurlant des slogans en faveur du retour de celle-ci après le court intermède du président Mohamed Morsi candidat des Frères musulmans élu démocratiquement après l'éviction de Hosni Moubarak. La nouvelle Constitution a été débarrassé de clauses ajoutées sous Mohammed Morsi renforçant obligations et devoirs conforme à la charia, mais ne modifie que très marginalement les pouvoirs institutionnels, en particulier ceux du président. Il renforce cependant ceux déjà exorbitants de l'armée. Depuis, fort du soutien d'une large majorité de l'opinion publique, le pouvoir dirigé de facto par l'armée réprime implacablement les partisans de Morsi, en particulier son influente confrérie des Frères musulmans, qui avait appelé à boycotter le référendum. Plus d'un millier de manifestants ont été tués ces six derniers mois et des pro-Morsi emprisonnés par milliers, les Frères musulmans continuent de manifester chaque jour, en petit nombre, au prix de heurts souvent meurtriers. Parallèlement, les attentats terroristes se sont multipliés, y compris au Caire : ils sont revendiqués par des mouvements djihadistes se disant proches d'Al-Qaïda, que l'armée et gouvernement intérimaire installée par cette dernière, accusent d'être les bras armés des les Frères musulmans. Le général al-Sissi a d'ailleurs décrété la confrérie "organisation terroriste". Le référendum s'est déroulé sans graves incidents hormis une bombe de faible puissance devant la façade d'un tribunal au Caire, sans faire de blessés, deux heures avant l'ouverture des bureaux de vote. Après l'explosion, des centaines de personnes se sont rassemblées devant ce tribunal, brandissant des portraits du général al-Sissi. Pour assurer la sécurité du scrutin, al-Sissi a déployé 160 000 soldats et 200 000 policiers. En dépit de ces mesures, neuf personnes ont péri mardi en marge des manifestations des partisans de Mohamed Morsi, qui ont appelé à boycotter le référendum, et quelque 250 autres ont été arrêtées. Une bombe de faible puissance a par ailleurs endommagé la façade d'un tribunal au Caire avant l'ouverture des bureaux de vote. Hier, des dizaines de pro-Morsi ont bloqué une station de métro en périphérie du Caire, provoquant des heurts limités, selon des responsables des services de sécurité. Quelques organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé un climat de peur et de répression, mais la très grande majorité de la population soutient le nouveau pouvoir et n'a d'yeux que pour le général al-Sissi, dont les portraits ornent rues et boutiques et pas qu'au Caire. En annonçant la destitution de Morsi et la mise hors la loi de son parti des Frères musulmans, le chef de l'armée avait invoqué les millions de manifestants réclamant trois jours plus tôt la destitution de Morsi qu'ils accusaient de vouloir "islamiser de force la société" et de "ruiner une économie" déjà exsangue. D. B Nom Adresse email