Le directeur du journal Le Matin, Mohammed Benchicou, a passé, hier, lundi, sa première nuit en prison après avoir été condamné, dans la journée, par le tribunal d?El-Harrach à deux ans de prison ferme pour «infraction à la législation et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l?étranger». Un verdict qui en a surpris plus d?un en ce sens que l?on s?attendait plutôt à la levée du contrôle judiciaire auquel était soumis le directeur du Matin depuis plusieurs mois. Car pour les avocats de la défense, «le dossier d?accusation est vide. Le port de bons d?épargne lors des déplacements de personnes à l?étranger ne constitue nullement une infraction à la réglementation des changes». C?est pour cela d?ailleurs qu?ils comptent faire appel. Pour sa part, et dans un communiqué adressé à l?opinion nationale et internationale, le collectif du journal Le Matin s?est engagé à entreprendre «toutes les actions pour faire libérer Mohammed Benchicou». «Ce procès, par son iniquité et ses contradictions, a révélé les arrière-pensées politiques et la volonté du pouvoir de briser Le Matin et de donner une mise en garde à la presse indépendante», est-il indiqué, par ailleurs, dans le même communiqué. Dans une déclaration commune, des éditeurs de journaux, le Syndicat national des journalistes et le Conseil supérieur de l?éthique et de la déontologie ont estimé que le verdict rendu par le tribunal d?El-Harrach traduit une instrumentalisation manifeste de la justice. «Devant une telle dérive», les signataires de la déclaration alertent l?opinion publique, nationale et internationale sur l?extrême gravité des atteintes aux libertés et droits fondamentaux en Algérie et appellent à une mobilisation de la corporation et de la société civile afin de soutenir les actions visant la libération de Mohammed Benchicou et Hafnaoui Ghoul. «A cet effet, il est institué un comité national pour la libération immédiate des deux journalistes ouvert à toutes les composantes de la société civile», ajoute la déclaration qui fait part de la tenue d?un rassemblement, demain mercredi à partir de 12 h, à la Maison de la presse Tahar-Djaout.