La Fédération internationale des journalistes a condamné les verdicts “barbares” rendus par les tribunaux algériens et qui ont indigné les journalistes et les militants des droits de l'Homme. Lundi dernier, le directeur du quotidien Le Matin, M. Mohamed Benchicou, a été condamné à deux ans de prison ferme, tandis qu'il y a deux semaines, le journaliste et activiste des droits de l'Homme, Hafnaoui Ghoul, a lui aussi été condamné à de la prison ferme. “Ces actions constituent clairement des menaces envers la liberté d'expression”, a déclaré le secrétaire général de la FIJ, Aidan White. “Ce sont des attaques barbares à l'encontre de la liberté de la presse. Il y a là un manque flagrant de respect des droits des journalistes de la part des autorités politiques et judiciaires. Ces peines sont grossièrement disproportionnées et tout simplement inacceptables”. M. Benchicou a été condamné à deux ans de prison ferme pour “détention de bons de caisse” en dinars, que la police des frontières avait trouvés sur lui, en août 2003, à l'aéroport d'Alger, entraînant, selon le ministère des Finances, une infraction à la législation sur le contrôle des changes et des mouvements de capitaux. Il a fait appel de la condamnation, mardi 15 juin. De son côté, M. Ghoul avait été condamné à deux mois de prison ferme le 9 juin pour “outrage et diffamation” à la suite d'un entretien au journal Le Soir d'Algérie portant sur la situation des droits de l'Homme dans la région de Djelfa (Sud d'Alger). La FIJ soutient le Syndicat national des journalistes d'Algérie dans la défense des libertés fondamentales et en particulier la liberté de la presse. “Les journalistes algériens ont payé un très lourd tribut à la liberté de la presse entre 1993 et 1997. Ces années noires sont heureusement révolues, mais nous attendons à présent des autorités qu'elles garantissent l'indépendance véritable de la profession. Les journalistes ne pourront pas être libres tant que des condamnations injustes et lourdes viennent les frapper pour rappeler leur soumission au régime en place”, a déclaré Aidan White. Maître Benarbia confirme le “moral en béton” du directeur du Matin “J'ai rendu visite aujourd'hui à Mohamed Benchicou à la Maison d'arrêt d'El-Harrach. Il se porte comme un charme. Il a un moral en béton pour la simple raison qu'il se sent innocent. L'appel a été introduit et nous attendons que les autorités judiciaires puissent fixer la date du procès en appel dont on espère que cela sera fait le plus rapidement possible. Ce procès se tiendra à la cour d'Alger au niveau de l'avenue Abane-Ramdane. C'est une cour à juridiction de second degré donc elle est censée disposer de beaucoup plus de compétence pour examiner cette affaire dans la sérénité et la lucidité, le tout conformément à la loi.” Propos recueillis par M. B. Nicole Logeais (union démocratique bretonne) : “Un simulacre de procès” - L'Union démocratique bretonne déplore la mise à exécution des menaces, proférées par le président algérien Bouteflika, qui a de nombreuses fois exprimé sa haine de la presse indépendante, l'accusant de “haute trahison”. Il a fait condamner par une justice aux ordres, le journaliste de Djelfa, Hafnaoui Ghoul, à deux mois de prison ferme, la semaine dernière, et lundi, Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, à deux années de prison ferme. L'UDB s'élève contre la volonté derrière un simulacre de procès, de faire taire un homme qui a dénoncé la corruption dans son livre Bouteflika, l'imposture algérienne, qui a ouvert les colonnes de son journal au mouvement citoyen de Kabylie et, qui a, ce mois-ci, rapporté les témoignages de l'avocat Salah Hannoun sur la torture perpétrée par les forces de gendarmerie sur les jeunes de T'kout dans les Aurès. L'UDB renouvelle son soutien à la presse indépendante algérienne, et plus particulièrement en ces circonstances, aux journalistes du Matin qui ont déjà payé très cher leur engagement contre la violence islamiste. Elle demande la libération immédiate de son directeur Mohamed Benchicou. CNLBH : Contacts avec les représentants du G8 à Alger Des membres du comité national pour la libération de Benchicou et de Hafnaoui ont pris contact, hier, avec les représentants des pays du G8 à Alger, pour les sensibiliser après l'emprisonnement de Mohamed Benchicou et Hafnaoui sur les graves menaces qui pèsent sur la liberté d'expression en Algérie. Les inquiétudes de l'Arab Press Freedom Watch Arab Press Freedom Watch a adressé hier une correspondance au président de la République pour demander la libération du directeur du Matin, Mohamed Benchicou. Cette organisation a exprimé ses inquiétudes quant aux graves atteintes dont est victime la liberté d'expression en Algérie et interpelle les autorités sur le respect de l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme.