InfoSoir : Les citoyens se plaignent de l'anarchie qui règne dans le secteur de la santé... Le Dr Bekkat-Berkani Mohamed : Ce constat est fait depuis longtemps. Dans le secteur public c'est l'hôpital qui est tenu de mettre à la disposition des praticiens, les moyens nécessaires pour accomplir leur mission. Les malades sont en droit de se plaindre quand ils ne trouvent pas les moyens indispensables pour leur prise en charge. Les malades et leurs parents accusent les médecins de tout faire pour les soigner dans les cliniques privées... Que ceux qui sont confrontés à ce genre de problème nous contactent. Nous n'avons jamais enregistré de plainte en ce sens au niveau de l'Ordre des médecins. Quand un médecin dit à un malade qu'il n'y a pas de moyens pour le prendre en charge à l'hôpital, n'est-ce pas une manière de lui dire d'aller dans le privé ? Eh bien non. Le médecin connaît bien son métier et il sait aussi quels sont les moyens indispensables pour une prise en charge efficiente. Comme à l'hôpital c'est la direction qui doit mettre les moyens à la disposition des médecins, ces derniers doivent en informer leurs malades. Mieux, un médecin qui avertit ses malades respecte l'éthique. En cas d'urgence en revanche, le médecin est obligé de prendre en charge le malade avec les moyens dont il dispose, mais il doit aussi informer les parents des malades qu'il a manqué de matériel par exemple. Les patients ne font plus confiance au médecin.... La relation entre un malade et son médecin est basée sur la confiance. Que dire quand le malade ment à son médecin en ne lui disant pas tout ? Ce n'est pas pour rien que le praticien interroge le malade sur son historique . Quand le patient ment ou oublie, cela peut l'induire en erreur. Les malades espèrent trouver à l'hôpital des médecins souriants et consciencieux ... C'est le vœu de tout le monde. Pour cela, il faut que le médecin ait tous les moyens pour travailler. Chaque citoyen a le droit de se soigner. Le jour où chaque malade sera bien pris en charge sans intervention, on pourra dire que nous avons atteint notre but, celui d'assurer un accès aux soins de qualité à tous les citoyens. Certains patients remettent en cause la formation des médecins ? Que voulez-vous que je vous dise, la médecine est enseignée dans tous les pays arabes en anglais ou en français. Les Algériens font leurs études en arabe jusqu'en terminale. Arrivés à la fac de médecine, ils doivent suivre leur formation en français. Je préconise qu'on ajoute un module de langue française dans le cursus des études médicales. Ce n'est pas l'idéal, mais ça peut aider. Le mot de la fin... La santé est un droit. Chaque citoyen est en droit de réclamer des soins selon les moyens dont disposent les établissements de santé. Le même citoyen doit se plaindre quand il y a des manquements au devoir professionnel. Les portes de notre conseil sont ouvertes à tout le monde. *Président du Conseil national de l'ordre des médecins