Retentissement Deux ans plus tard, l?affaire des femmes violées n?a pas encore connu son épilogue. Le troisième procès s?ouvrira demain à Biskra. Cette affaire, qui a défrayé la chronique, rebondit après deux procès déjà : le premier le 15 juin 2002 et le deuxième le 16 juin 2004. Ce dernier a été reporté, car les coupables n?avaient pas d?avocat et n?étaient pas tous présents. Cinq seulement ont répondu aux convocations. Des procès qui n?ont pas satisfait les victimes, car les peines prononcées sont «légères» et ne condamnent pas les «criminels». D?ailleurs, c?est pour cette raison que le procureur de la République avait, rappelons-le, entamé une procédure de pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême, estimant les sentences prononcées sans commune mesure avec la gravité des faits. En effet, 70 personnes soupçonnées d?avoir participé aux viols et à ces agressions «collectives» ont été convoquées par la justice. Une année plus tard, 28 prévenus sont traduits devant le tribunal de Ouargla. Sentence : 10 acquittements, une peine de 6 mois de prison ferme, 16 accusés ont écopé d?une année d?enfermement alors que 2 seulement se sont vu condamnés à trois ans de prison ferme. Des procès qui n?ont fait qu?attiser la colère et la déception de ces femmes blessées dans leur dignité et dans leur citoyenneté. Pour elles, «leurs bourreaux devraient être mis en prison». Les faits, tragiques et dramatiques, remontent à la nuit du 13 juillet 2001. Une soirée cauchemardesque. Selon les autorités locales, une horde de près de 400 personnes de la cité Bouamama s?est attaquée à des femmes vivant seules, dans des bidonvilles appelés El-Haicha, à Hassi Messaoud. Des hommes fous furieux, ayant écouté un prêche incendiaire accusant ces femmes de prostitution, se sont donné le droit de «les corriger et de les châtier». Ainsi, ils se dirigent vers ces taudis et tirent ces pauvres femmes de leur lit de fortune. Ils les traînent nues par terre et les violent sans pitié aucune. Elles subissent toutes les atrocités que seules les femmes peuvent subir. Elles seront 39 à échapper de justesse à la mort, mais elles seront marquées à vie. Pourtant, ces femmes esseulées gardent dans leurs tripes une douloureuse histoire de rêves brisés, de misère qu?elles endurent et qu?elles tentent de surmonter. Elles ont quitté leur ville natale, un diplôme en poche, des rêves et des prières au fond du c?ur en quête d?un emploi dans cette zone pétrolière. Mais Hassi Messaoud n?est pas aussi généreuse qu?elle le prétend. La réalité est dure. Ces femmes ne peuvent accéder à des postes selon leurs aptitudes dans les sociétés étrangères qu?elles sollicitent. Elles ne seront acceptées que comme femmes de ménage. Avec la réouverture du procès, les victimes s?attendent à des peines plus lourdes et «justes» à l?encontre de leurs agresseurs. Pour l?association Rachda qui les suit et soutient depuis la tragédie ; «le jugement prononcé est injuste et au-dessous du crime commis. Il y a des coupables en liberté et le procès traîne depuis quatre ans déjà. Ce n?est pas normal. On veut enterrer cette histoire, on veut l?oublier et ne plus en parler. Aujourd?hui, il y a plus de violence à l?égard des femmes, des mesures doivent être prises». L?association a sollicité un avocat pour défendre ces femmes, des citoyennes qui attendent aujourd?hui que la justice les «soutienne» par des sentences «plus justes».