Médéa 13 juin 2004. Le tribunal criminel près la cour de Médéa prononce le verdict d?un jeune homme qui, pour défendre son frère cadet, commet un meurtre... Le président du tribunal, perplexe, scrute l?accusé avant de lancer sur un ton plein de reproches : «Mais enfin, vous aviez besoin de frapper ce malheureux jeune homme aussi violemment ? ?Je suis intervenu afin de porter secours à mon jeune frère, M. le président. Il est cardiaque et le défunt le malmenait si bien que, aveuglé, je n?ai pas pris conscience que j?allais au-devant d?un drame? ? Je le répète : aviez-vous besoin de le frapper à l?aide d?une barre de fer avec une telle violence ? ? M. le président, l?image de mon frère violenté m?a fait perdre la tête? Je ne voulais pas le tuer et je regrette infiniment mon geste? Je le regrette? Soyez indulgent avec moi !» Et la voix de l?accusé s?éteint, étouffée par un douloureux sanglot. Les faits remontent à novembre 2003. Il était près de 14h 15, quand A. M., 22 ans, stagiaire au Cfpa de Médéa, sort précipitamment de la maison, alerté par les cris de son jeune frère. Sur les lieux, une mauvaise surprise l?attend. En effet, son jeune frère se débat à même le sol, violemment malmené par ses voisins du quartier populeux de Chelaâlaâ : C. A., 19 ans, et son père, un homme robuste et de forte corpulence. Aveuglé par la colère, A. M. s?empare d?une barre de fer et assène un violent coup au jeune C. A. Le coup porté à la nuque plonge la victime dans un coma de sept jours dont il ne se réveillera plus. Malgré les soins intensifs prodigués à C. A., il rend l?âme. La désolation est grande, lorsque l?on sait que la cause du drame est absurde. En effet, un conflit séparait les deux familles. Un conflit qui avait pour origine un sentier de passage, dont aucune des deux familles n?avait la priorité, vu que leurs habitations elles-mêmes étaient illicites... Le jour du procès, le procureur de la République met en exergue la gravité des faits : «Cet homme a commis un meurtre sur la personne de son jeune voisin qui, certes, s?en prenait à son frère, mais n?usait d?aucune arme mortelle ; c?était une altercation comme il y en a tant et sans l?intervention de l?accusé, il n?y aurait pas eu de drame. Je requiers donc la perpétuité à l?encontre de A. M. qui a agi en toute conscience.» La défense demande la requalification de l?homicide volontaire en acte de légitime défense : «Notre client voulait porter simplement secours à son frère atteint d?une maladie incurable. Il a agi sous l?effet de la colère et il mérite de larges circonstances atténuantes.» Au terme des délibérations, A. M. est condamné à quinze années de prison ferme. Il devra aussi verser 40 millions de centimes à chacun des parents de la victime, et 10 millions au frère et à la s?ur de cette dernière...