Alger Juin 2004. Le tribunal criminel près la cour d?Alger prononce son verdict à l?encontre d?un jeune garçon accusé de meurtre. Tout le monde, ou presque, réagit mal lorsque l?on porte atteinte à son innocence ! Essentiellement les adolescents? Dans le box des accusés, A. O., un jeune garçon, scrute l?assistance avec une angoisse à fleur de peau? Il n?a que 18 ans et en le fixant, on ne peut réprimer un pincement au c?ur? Mais aussi de la peine ! Il a tué un homme, certes, mais aurait-il commis ce meurtre si l?homme en question ne s?en était pas pris à lui ? Que sait-on de la vie à 18 ans ? Que sait-on de la mort ? D?un tribunal et de la gravité d?un acte irréfléchi qui mène derrière les barreaux ? On n?en sait rien pour la simple raison qu?on vient de quitter, il y a seulement quelques années, le monde magique de l?enfance. Et, c?est peut-être l?une des raisons qui poussa la cour à atténuer la condamnation d?un jeune garçon angoissé et fragile? Les faits remontent à la nuit du 4 au 5 janvier 2003. C?est une nuit froide et pluvieuse et il y a peu de gens aux environ d?un bidonville, à Garidi, à Kouba? Il se trouve que cette nuit-là, vers 1 heure, A. O., sur l?ordre de son paternel, se rend à un point d?eau non loin du bidonville pour remplir quelques jerricans? Sur les lieux, il a la mauvaise surprise de tomber sur un voisin, B. S., la quarantaine bien sonnée, que le jeune garçon, très réservé et timide, n?a jamais porté dans son c?ur. En effet, il considère B. S. comme un peu trop indiscret et louche à son goût. Il se sent mal à l?aise en sa présence et tente par tous les moyens d?échapper à la conversation que l?autre engage d?emblée, s?approchant à pas de loups vers le naïf adolescent? «As-tu déjà vu des cassettes-vidéo portant sur le sexe ? ? Non et je n?ai aucunement envie d?en voir !» B. S. continue sur sa lancée, si bien que le jeune garçon, affolé et intimidé, repart chez lui pour revenir sur les lieux armé d?un couteau avec lequel il assène plusieurs coups mortels à son voisin? De retour à la maison, il éclate en sanglots et avoue son crime aux membres de sa famille? Il se rend de lui-même aux services de police auxquels il dira : «J?avais peur ! Il s?est attaqué à mon innocence.» Le jour du procès, durant ce mois de juin, il tient les mêmes propos face aux membres de la cour : ? «M. le président, je n?ai fait que me défendre. Je ne voulais pas le tuer. Je ne suis pas un criminel? La victime m?a tenu des propos tellement scandaleux que la colère m?a aveuglé?» Le procureur général met en exergue la gravité des faits : «Nous avons là un cas d?homicide volontaire et l?accusé ne mérite aucune clémence. Je requiers la perpétuité.» A. O. est au bord des larmes et une angoisse indescriptible se dessine sur les traits de son visage puéril. Cette «image» émeut l?assistance. La défense, pour sa part, plaide la requalification de l?homicide volontaire en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort. La cour se retire afin de délibérer et rend enfin son verdict : A. O., 18 ans, est condamné à 5 ans de réclusion criminelle?