Résumé de la 94e partie ■ Quand le Révérend lui demanda ce qu'elle ferait demain dimanche, Chantal parut sortir d'un rêve. Il y a donc des dimanches à Makogaï ? Comme dans tous les pays du monde — C'est bien le jour de la semaine dont je me passerais le plus aisément ! Allait-elle être obligée de se plier, dans cette île perdue, à la sinistre discipline du dimanche respectée dans les pays, civilisés ? Il n'y a pourtant pas de jour de repos pour la lèpre, qui ronge les tissus heure par heure. — Le dimanche, poursuivit le pasteur, est le seul jour où vous puissiez trouver quelques distractions à Makogaï. Par exemple, vous arriveriez très bien à remplir votre matinée en assistant successivement aux deux offices : le Père Rivain dit sa grand-messe à neuf heures, notre culte est à onze. Nous nous sommes entendus depuis longtemps pour ne pas nous faire trop de concurrence... Si vous êtes amatrice de bel canto, vous entendrez chanter Tulio Morro à notre cérémonie. — Qui est-ce ? demanda Chantal subitement intéressée. — Un ancien ténor italien de l'Opéra de Sydney qui a été frappé du même mal que vous. Malheureusement, il a beaucoup moins de chance de guérir : il a trop attendu avant de se faire soigner. Sa voix est splendide ; je n'ai qu'une crainte, c'est que la lèpre n'attaque ses cordes vocales. Ce jour-là, le pauvre Tulio sera bien fini ! Tant qu'il peut encore se servir de sa voix, il supporte son mal avec une certaine résignation, mais je sais qu'il se tuera le jour où il ne pourra plus chanter. — Je l'ai entendu quelques instants avant, votre arrivée... — Il chante tout le temps, partout. C'est chez lui un besoin impérieux, comme chez d'autres le besoin d'écrire, de peindre... ...Ou de faire de l'apostolat ! avait envie d'ajouter Chantal qui trouvait que le révérend David Hall était mal placé pour juger les passions des autres. Sa passion spirituelle était aussi une maladie incurable. Comme Tulio Morro il mourrait - ce pasteur - s'il ne pouvait plus convertir d'âmes. . — Si vous aimez le sport, nous aurons l'après-midi un match de football entre les équipes fidjienne et néozélandaise... Je fais l'arbitre. Enfin, le soir, vous avez la séance hebdomadaire de cinéma qui constitue la plus grande distraction. Vous voyez, chère Madame, que l'on peut très bien s'occuper à Makogaï le dimanche... D'ailleurs, il est grand temps que je vous quitte pour aller préparer mon prêche de demain.. Le seul petit ennui, si vous me faites l'honneur de venir l'écouter, est que vous ne comprendrez pas grand-chose : je parle en anglais. Enfin cela vous paraîtra peut-être plus agréable à entendre que du fidjien vous aurez au moins l'impression de retrouver une langue civilisée... Ne quittez surtout pas votre hamac ! Bonsoir, chère Madame, et à demain, j'espère ! (A suivre...)