Résumé de la 85e partie ■ Chantal comprit que, sous sa bonhomie, le pasteur wesleyen était aussi ferme que l'aumônier catholique. Le Père Rivain et moi, nous nous présentons à son chevet. C'est à qui de nous sera là le premier et nous arrivons presque toujours à le convertir à l'une ou l'autre de nos croyances. Celui de nous deux qui a gagné dans ce tournoi spirituel de la dernière heure n'a plus qu'à marquer sa journée d'une pierre blanche. — Je trouve cela monstrueux ! avoua Chantal. Pourquoi troubler la conscience d'un malheureux aux derniers instants de son existence ? Tout simplement pour en faire un chrétien, Madame ! répondit le Révérend David Hall avec le plus grand calme. Ma réponse ne vous dit pas grand-chose aujourd'hui ; peut-être la comprendrez-vous un jour... — Il faudrait pour cela que je me fisse catholique ! — Ou wesleyenne ! dit en souriant le pasteur. Vous aussi, vous avez le choix... Rappelez-vous que l'état d'âme le plus affreux chez un être humain est l'indifférence. Le Révérend David Hall se tut, estimant sans doute avoir raconté tout ce qu'il fallait dire pendant cette première conversation. Mais il était tenace : il reviendrait à la charge dans quelques jours, dans quelques semaines, dans quelques mois, et ceci pendant des années s'il le fallait. Il voulait remporter sur la personne de Chantal la plus écrasante victoire de sa longue carrière de missionnaire. Le Père Rivain et les sœurs catholiques n'en reviendraient pas ! Seulement il devait se méfier ! Sûrement l'aumônier catholique avait dû s'entendre avec la Mère Dorothée pour arriver à leurs fins. Ils se trompaient tous ! Ce serait lui, David Hall, qui baptiserait Chantal, avec l'eau de la cascade de Makogaï, pour en faire une wesleyenne. En faisant le tour de ses ennemis spirituels, l'excellent homme n'avait oublié qu'une personne : la frêle et timide sœur Marie-Ange... Ce, fut pendant ce silence prolongé du pasteur que Chantal remarqua une femme d'âge respectable qui les observait de la véranda. Une deuxième silhouette celui d'une grande fille rousse assez jolie, s'était jointe à celle de la femme. Le Révérend David Hall se retourna. La femme en profita pour lui crier, sur un ton de reproche : — David ! Le pasteur fit un petit signe de la main, qui voulait dire «J'arrive» et il confia à Chantal : — Mrs. Hall me réclame pour le lunch. Elle n'aime pas attendre... J'irai vous voir un de ces jours prochains et, si cela peut vous distraire, je vous raconterai encore beaucoup d'histoires typiquement fidjiennes. Excusez-moi, je me sauve.. Mrs Hall et ma fille Agathe vont me faire la tête pendant tout le repas. Chantal continua sa route en s'imaginant ce que devait être l'intérieur typiquement anglais de la maison du pasteur. (A suivre...)