Mémoire ■ L'exposition qui a lieu du 22 mars au 5 juillet regroupera 120 portraits de moudjahidate, réalisés par Nadia Makhlouf et Benyoucef Cherif. C'est ce qu'a annoncé, jeudi, Mohammed Djehiche, directeur du musée des arts modernes lors d'une conférence de presse au Forum d'El Moudjahid se rapportant à la nouvelle saison artistique du MaMa. Pour l'occasion, Mohamed Djehiche a présenté l'événement culturel comme n'étant pas une exposition «purement historique», bien qu'elle s'inscrive dans le prolongement des activités du 50e anniversaire de l'Indépendance. Et s'il précise que l'exposition en question entre dans un cadre «esthétique et artistique», il ajoutera que cela est également comme une mise au point à toute cette polémique actuelle autour de celles qui ont combattu pour la libération de leur pays contre le joug colonial. Le travail des deux photographes s'est réalisé un premier temps sur les photos anciennes, personnelles ou familiales, puis sur les prises de portraits de ces moudjahidate dans le temps présent, «afin de montrer le décalage des années, bien que nombre d'entre elles aient opposé un refus de s'associer à l'exposition...» Evoquant le choix des photographes sur telle ou telle personne, M. Djehiche a signalé que «la sélection s'est faite au fil des rencontres et des entretiens avec elles». Le catalogue conçu par les photographes, résidant tous deux en France, c'est de montrer «le côté intemporel des moudjahidate». Anonymes ou présentes sur la scène sociopolitique, les héroïnes algériennes ont été un potentiel nécessaire avec leur aide précieuse. Prenant la parole, Nadia Makhlouf définit son travail de photographe accompagné de recherches comme «un travail de fourmi, notamment quand il s'agissait d'aller à la rencontre des moudjahidate. «J'ai eu envie de le réaliser pour montrer que la guerre n'est pas seulement une affaire d'hommes. C'est un témoignage sur toutes celles qui ont sacrifié leurs années de jeunesse. Je découvrais que ces femmes n'étaient pas que des Algériennes... mais des Françaises, des Suisses, des Espagnoles et qu'elles étaient de toutes les confessions», a-t-elle dit. A cet effet, on doit spécifier que la jeune femme a déjà réalisé une exposition sur les combattantes algériennes en France, bien avant celle qui se déroule au MaMa. «Qu'elle soit tisseuse de drapeau, infirmière, soldat, manifestante, agent de liaison, gynécologue, poseuse de bombes, cuisinière ou dactylo... je n'ai voulu faire aucune différence entre ces différentes fonctions... marquer le temps qui passe pour seul remède contre l'oubli. Tel était mon désir», a-t-elle précisé. Peu loquace, Benyoucef Cherif, photographe et documentariste, a déclaré que c'est au public de juger son travail. L'exposition s'étendra jusqu'au 5 juillet prochain, une date hautement symbolique et marquante dans l'histoire récente de l'Algérie.