L'excellente exposition collective sur les photographies arabes a décampé lundi dernier du flambant neuf Musée national des arts modernes et contemporains, le MAMA.“Regards des photographes arabes contemporains ”, fut l'intitulé de cet impressionnant rendez-vous plastique qui a déjà atterri à l'Institut du monde arabe à Paris, (IMA), avant de séjourner pendant près d'un mois dans cet espace immaculé, inauguré le 26 décembre dernier, dans le cadre de la défunte, “ Alger, capitale de la culture arabe”. Près d'une dizaine de photographes de pays arabes, ont proposé leurs remarquables œuvres, tirées non pas de la réalité quotidienne mais travaillées selon un sens artistique qui autorisait plusieurs niveaux de lecture. Véritable création plastique, plusieurs photographies étaient là collées sur les cimaises maculées du Mama, donnant non pas l'impression d'être placées dans un espace temps arabe, mais plutôt universel, tant le discours photographique s'éloignait des caricatures des femmes voilées ou des barbus faisant la prière. Exactement vingt-quatre artistes, dont cinq photographes algériens, ont pris part à ce grand rendez-vous plastique, organisée en collaboration avec l'Institut du monde arabe, et qui s'inscrit dans le cadre de la manifestation “ Alger, capitale de la culture arabe ”. A travers leurs œuvres respectives, les exposants ont tenu à montrer, chacun à sa façon, la dimension spatiale, voire géométrique, des lieux pris furtivement par l'objectif de l'appareil. Mais, les photos prises demeurent loin de la froideur de l'appareil puisque ces artistes ont réalisé leurs œuvres avec une sensibilité extrême, cela en faisant appel à leur imaginaire. Le Caire est immortalisé de façon absolument inédite par l'artiste égyptienne Maha Naâmoune qui retranscrit sur son projecteur toute la vivacité d'une capitale effervescente. Le photographe algérien Zakaria Djehiche, un ancien diplômé de l'Ecole supérieure des beaux-arts, avait proposé une série de portraits qui mettent de façon singulière, des anonymes en douleur. Zakaria Djehiche ne fait pas dans le classicisme, mais plutôt détourne le regard, pousse la réflexion, ouvre des horizons de lecture. Il nous entraîne dans les dédales imaginaires à la recherche d'un sens nouveau. Son œuvre ressemble, de par son approche technique, à celle de la Marocaine Yasmina Bouziane et de l'Irakienne Jananne Al-Ani. Leurs photographies étaient signées sous le titre révélateur de Images de soi, images de l'autre. L'Egyptien Nabil Boutros et le Tunisien Jallel Gastelli, ont captivé sous leur projecteur quelque moment de la vie quotidienne mais avec cette touche poétique qui nous plonge dans un univers irréel. La photographe algérienne, installée en France, Farida Hamak, dont les œuvres sont intitulées Ma mère, histoire d'une immigration, avait donné une véritable leçon d'humanisme à travers ces œuvres qui parlent à tout un chacun. Dommage que les Algériens n'auront pas tous les jours la chance d'aller à la rencontre de ce genre de rendez-vous éminemment professionnel, puisque le Musée national d'art moderne et contemporain devra, d'ici l'été, refermer ses portes pour d'autres travaux de réhabilitation.