Art visuel n Une exposition des photographies d'artistes arabes contemporains se tient, depuis hier, samedi, au musée d'art moderne d'Alger. Intitulée «Regards des photographes arabes contemporains», l'exposition se veut une rétrospective de l'art de la photographie – un art visuel – pratiqué par divers artistes d'Algérie, d'Egypte, du Maroc, du Liban, de Tunisie… Chacun a une approche individuelle de l'image et de la manière dont il immortalise et l'espace et le temps sur la pellicule, voire de prolonger la dimension spatio-temporelle. L'exposition s'organise en trois phases : territoires urbains, image de soi, image de l'autre, et lieux intimes et symboliques. Youcef Nabil, égyptien, réalise des portraits de lui ou des autres, amis et proches, qu'il fait revêtir d'une expression plus intimiste, créant ainsi une ambiance de rapprochement. Pareil pour la marocaine Yasmina Bouziane. Elle réalise des portraits comme des autoportraits. D'autres artistes comme Jihan Ammar, Jellel Gastelli, Reem Al Faisel… représentent dans leurs photographies des situations intimes, en introduisant dans leur travail la problématique du vu et du non-vu selon le côté où l'on se place, et parfois celle du voyeurisme. Ainsi, l'objectif de l'appareil photographique se transforme parfois, l'instant d'une prise de vue, en un voyeur. Les photographies de Zakaria Djehiche (Algérie) s'interrogent sur l'homme à travers des portraits traités en clair-obscur avec une mise en relief des visages par des lignes manuscrites. S'agissant de la Marocaine Yasmina Bouziane et de l'irakienne Jananne Al-Ani, elles traitent de la relation du corps et la relation observateur-observé. Les prises de vue réalisées dans un jeu de lumière et d'obscurité sont des illustrations vivantes, expressives, toujours en mouvement. L'Egyptienne Maha Maâmoun propose dans son travail des lieux urbains, ses photographies sont liées à la ville du Caire qu'elle s'efforce de montrer avec une grande sensibilité du regard et loin des clichés habituels. Le Libanais Nadim Asfar reproduit son environnement urbain comme c'est le cas de Dalila Khamissy (Liban) qui ramène de son voyage en Irak des photos saisissantes des rues de Bagdad et Mossoul. Ainsi, les photographies accrochées sur les cimaises du musée donnent à voir, selon le commissaire de l'exposition Hellal Zoubir, le réel tantôt avec passivité, tantôt avec émoi ou encore passion, elles nous révèlent une réalité dénuée d'opacité, elles jouent le rôle d'un œil qui scrute et enregistre l'image regardée. Les photographies exposées parlent d'elles-mêmes. Elles n'ont pas besoin d'un commentaire ou d'une quelconque interprétation critique ou narrative. Ces photographies, des œuvres d'art, nous offrent une nouvelle façon de voir le monde, d'appréhender le réel. Enfin, il est à souligner que cette exposition, qui s'étale sur un mois et qui est ouverte au public tous les jours de 11h à 19h sauf le samedi, a été conjointement organisée par le Musée d'art moderne d'Alger, l'Institut du monde arabe et l'Office national des droits d'auteurs.