Echec ■ Les Français ont commencé à voter ce matin au second tour d'élections municipales. Le premier a été calamiteux pour la gauche au pouvoir face à la droite et à l'extrême droite. Le scénario d'un remaniement rapide du gouvernement français était donné comme le plus probable à l'issue du vote : la reconduction ou non du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, peut dépendre de l'ampleur du recul enregistré par le parti socialiste (PS). Les regards étaient tournés vers les grandes villes du PS menacées de basculer à droite: Strasbourg (est) et Toulouse (sud-ouest), Saint-Etienne (centre-est), Reims (est), Metz (est), Caen (nord-ouest). Sans oublier Paris où une femme doit être élue pour la première fois. Après sa victoire au premier tour à Hénin-Beaumont (nord), le Front national d'extrême droite pourrait de son côté remporter d'autres villes comme Fréjus (sud) ou Béziers (sud). Cette percée de l'extrême droite révélatrice d'une désespérance sociale, devrait faire réagir l'exécutif rapidement à l'issue du vote. En remaniant probablement en début de semaine, François Hollande tentera d'éviter un règlement de comptes dans la famille socialiste, où les débats sont vifs sur la ligne suivie par l'exécutif. Alors que Jean-Marc Ayrault est désigné comme le bouc émissaire de l'échec des municipales, le nom du populaire et ambitieux ministre de l'Intérieur Manuel Valls était le plus cité pour prendre la tête d'une équipe resserrée, devant celui du chef de la diplomatie Laurent Fabius. Mais s'il rassure une majorité des Français pour sa posture de fermeté face à la délinquance et à l'immigration clandestine, Manuel Valls, 51 ans, hérisse une partie de la gauche qui ne lui pardonne pas ses «sorties» contre les Roms. Laurent Fabius, 68 ans, ne cesse pour sa part de répéter qu'il se trouve «très bien» là où il est. Jean-Marc Ayrault, fidèle de François Hollande, vilipendé pour son manque de charisme, garde des partisans qui vantent ses capacités à maintenir l'équilibre entre les composantes de la majorité. Le patron des sénateurs écologistes Jean-Vincent Placé s'est prononcé pour le maintien du Premier ministre, tout en réclamant un «changement de cap» «plus social, plus combatif au niveau européen, et une vraie politique écologique». La «claque pour la gauche» est la conséquence de la «politique nationale», a estimé le maire sortant de Paris Bertrand Delanoë. Un proche du président, le maire de Dijon (centre-est) François Rebsamen, a mis en cause le caractère «anxiogène» du programme de 50 milliards d'économies dans les dépenses publiques annoncé au début de l'année par François Hollande. «La difficulté pour François Hollande est qu'il ne lui est pas possible de changer de politique, vu les exigences européennes, alors que notre électorat attend une politique de relance», a commenté un député socialiste. Les responsables socialistes n'ont eu de cesse d'appeler l'électorat de gauche à se mobiliser pour espérer limiter les dégâts.