C'est la droite qui est en tête de ce premier tour des élections municipales françaises, un scrutin marqué par une percée sans précédent du Front national dans plusieurs villes de France et la confirmation du désaveu de la gauche au pouvoir. Paris De notre correspondante Bien sûr, tout n'est pas joué, il reste le deuxième tour dimanche prochain, mais bien que local, ce scrutin a des conséquences nationales, il sanctionne une politique gouvernementale décevante. C'est une vague de mécontentement national qui s'est exprimée à travers un vote, et la majorité gouvernementale s'évertue à rappeler que les enjeux sont locaux. Le message des Français est néanmoins clair. François Hollande en prendra-t-il toute la mesure ? En tirera-t-il les leçons ? Procèdera-t-il au remaniement ministériel dont on parle depuis plusieurs jours ? Toutefois, il faudra attendre le second tour pour tirer les véritables enseignements politiques. La claque la plus violente reçue par le PS lui a été administrée par les électeurs marseillais. Son candidat est relégué à la troisième place, derrière celui du Front national. Le maire sortant UMP, Jean-Claude Gaudin, est en tête avec plus de 38% devant le FN (plus de 22%) et le PS Patrick Mennucci (21%) à Marseille. Remobiliser les abstentionnistes de gauche Pour le deuxième tour, il reste au Parti socialiste de convaincre les abstentionnistes, particulièrement nombreux à gauche, d'aller voter dimanche prochain. C'est pourquoi, dès la proclamation des premières estimations du premier tour, dimanche soir, les responsables de la majorité gouvernementale ont appelé à la mobilisation de la gauche. Le taux d'abstention — 38,5% — a, en effet, plus touché les électeurs de gauche que de droite. En 2008, l'abstention était de 33,46% au premier tour. «Cette progression de l'abstention reflète un rejet du personnel politique, amplifié par les dernières affaires», a estimé Frédéric Dabi, politologue à l'IFOP. «Mais elle illustre également la désillusion des électeurs à l'égard de la capacité des politiques de pouvoir changer les choses». «L'abstention est tellement importante qu'on peut parler véritablement pour la première fois de grève du vote», s'est alarmé sur RTL le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, Thierry Mandon. Le scrutin prolongerait ainsi la tendance qui, depuis 1977, voit chaque municipale mobiliser un peu moins les électeurs que l'édition précédente — même si la participation y reste plus importante que pour d'autres types de scrutin : lors des dernières législatives, par exemple, le taux d'abstention avait atteint 42,78%. Le FN, troisième force politique Le Front national a bénéficié de l'impopularité du gouvernement et du président François Hollande et des «affaires» à répétition à droite. Il se revendique comme la troisième force politique de France. «C'est la fin de la bipolarisation de la vie politique française. Le FN arrive comme une grande force autonome», a affirmé Marine Le Pen sur les plateaux de télévision, qui parle d'«un cru assez exceptionnel». Le FN a présenté 596 listes, soit quelque 21 700 candidats, chiffre record pour le parti de Marine Le Pen. Présent au premier tour des élections municipales dans 562 villes de plus de 1000 habitants, le FN a dépassé la barre symbolique des 30% dans 28 communes différentes. A Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), la liste FN a même dépassé les 50%, faisant ainsi tomber une ville détenue depuis toujours par la gauche. Ses candidats sont en tête à Fréjus (Var), Avignon (Vaucluse), Perpignan (Pyrénées-Orientales), Béziers (Hérault), Forbach (Moselle) et Saint-Gilles (Gard). Pour faire barrage au FN au second tour, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a renouvelé dimanche soir son appel à «l'ensemble des forces démocratiques» pour la constitution d'un front républicain. Ce que l'UMP, en tête de ce premier tour, rejette en optant pour le «ni ni», ni report des voix sur le candidat socialiste ni sur celui du FN. Jean-François Copé, qui a été réélu à Meaux, a demandé dimanche que «ceux qui ont voté FN reportent leurs voix sur l'UMP» le 30 mars. Selon le président de l'UMP, «les conditions d'une grande victoire sont réunies» pour le parti de droite qui est notamment en tête à Toulouse, Nîmes, Quimper, Strasbourg, tandis qu'Alain Juppé est réélu dès le premier tour à Bordeaux, Edouard Philippe au Havre, Christian Jacob à Provins, Laurent Wauquiez au Puy-en-Velay, Xavier Bertrand à Saint-Quentin, Eric Woerth à Chantilly, François Baroin à Troyes.