L?été est à peine entamé que le microbe refait surface. Et c?est Oran qui ouvre tristement le bal. Une effroyable contagion n?est guère à écarter si, évidemment, rien n?est fait. Au moins 200 cas de conjonctivite ont été enregistrés la première semaine de juin 2004, apprend-on des sources proches de l?institution hospitalière. Cette maladie pathologique a fait sa réapparition à Oran, mais aussi dans les quartiers déshérités de la ville notamment Hassi Bounif, Sidi El-Bachir, Haï El-Bachr, Haï Bendaoud Bachkha, Bir El-Djir et Sidi Benyebka. Selon des médecins contactés par nos soins, la situation risque d?empirer si les médicaments pour le traitement de la conjonctivite ne sont pas disponibles. En effet, le dispensaire de Sidi El-Bachir bourgade située à 5 km d?Oran, est quasiment en rupture de stocks et les médecins redoutent une «situation épidémiologique grave si rien n?est fait dans l?immédiat pour venir en aide à la population». Dans cette petite localité, une cinquantaine de cas de conjonctivite ont été dépistés, un chiffre alarmant selon les médecins qui lancent un avertissement : «Cette situation est due à l?absence d?une politique sanitaire claire et au manque de sensibilisation des habitants qui vivent dans des conditions difficiles. A Sidi El-Bachir par exemple, la plupart des personnes atteintes vivent dans des maisons vétustes à proximité de décharges sauvages.» La rareté de l?eau et la prolifération d?animaux nuisibles ont fini par avoir raison de nombreux enfants, dont certains ont été, dans un passé récent, atteints de choléra et de peste bubonique à Kehaïlia notamment en 2003. Selon un responsable de la direction de la santé et de la population d?Oran, une soixantaine de cas de conjonctivite ont été signalés, affirmation aussitôt récusée par un médecin épidémiologiste qui déclare : «Je refuse ce chiffre qui ne reflète pas la réalité. Nous avons effectivement plus d?une centaine de cas de conjonctivite et une quarantaine ont été enregistrés sur des personnes qui séjournaient en bord de mer». Au niveau de certaines pharmacies du centre-ville, nous apprenons qu?environ 50% des médicaments de traitement contre la conjonctivite ont été écoulés. «Entre mai et juin, une situation anormale en cette période de l?année», nous explique-t-on. Enfin, à Aïn Témouchent, ce sont des cas de dermatose qui ont été signalés ainsi que des cas de virose, une dizaine selon une source hospitalière.